COMPLAINTE HISTORIQUE ET CIRCONSTANCIéE

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COMPLAINTE HISTORIQUE ET CIRCONSTANCIéE

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Sur les cruautés commises par le nommé Derues, Epicier-Droguiste a Paris. Air: Camarade, il nous faut chanter.

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BHVP

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Camarade, il nous faut chanter.

Transcription

APprochez, fidéles Sujets,
Pour entendre l'Histoire
D'un des plus horribles forfaits
Qu'on ait sçu de mémoire;
Car les coeurs les plus endurcis
Doivent frémir à ces récits.

Ce Marchand des mieux établis
Faisoit un gros commerce
Dedans la Ville de Paris,
Vendant de toute espece;
Mais, hélas! son ambition
A causé sa perdition.

Depuis longtems ce malheureux
Avoit fait banqueroute;
Devenant plus audacieux,
S'imagina, sans doute,
Que pour s'enrichir promptement,
Il feroit tout impunément.

Il faisoit aussi des billets
Pour de la marchandise,
Lorsqu'on lui confioit ses effets
Avec grande franchise,
Il les déchiroit promptement,
Et gagnoit ainsi cet argent.

Sçavoit-il quelqu'un retiré
Et vivant à son aise,
Sitôt d'un air de vérité
Et sans qu'il y paroisse,
Pour le volet, dans sa boisson
Lui faisoit prendre du poison.

Mais ses plus noires trahisons
C'est envers une Dame,
Qui venoit de lui vendre un fonds;
Car, hélas! cet infâme
A souper lui ayant donné,
En mangeant l'a empoisonné.

Tout aussitôt ce scélérat,
Pour cacher le cadavre,
Et pour éviter tout éclat,
S'en fut louer une cave,
Secrettement l'y conduisit
Et l'enterra pendant la nuit.

Non content de cette action,
D'un coeur très-sanguinaire
S'en fut aussi à la pension
Du fils de cette mere,
Et par le plus noir sentiment
Lui donna un poison plus lent.

L'ayant bu, dans le même instant
Il l'emmene à Versailles;
En chemin ce pauvre innocent
Sentoit dans ses entrailles
Du poison le funeste effet
Qui au tombeau le conduisoit.

De-là il s'en fut à Lyon,
Et s'y déguise en femme,
En y prenant aussi le nom
De cette bonne Dame;
Montrant par ce déguisement
Qu'elle partoit avec l'argent.

Mais Dieu irrité à la fin
De toutes ces victimes,
Permit que de cet inhumain
On découvrit les crimes,
Il fut bientôt emprisonné
Et très-justement condamné.

Pour punir ses méchancetés,
Il fut avec justice
Jugé d'être rompu, brùlé,
Méritant ce supplice:
C'est bien la peine des méchans
D'expirer dedans ces tourmens.

Prions pour tous les malheureux
Péris par cet infâme;
Que Dieu veuille avoir pitié d'eux,
Pour le Fils & la Dame,
Et que nous soyons préservés
Du sort de ces infortunés.

FIN.

Method of Punishment

breaking on the wheel, burning

Crime(s)

murder

Gender

Date

Execution Location

Paris, place de Greve

Notes

Wikipedia: Desrues was born at Chartres, of humble parents. He went to Paris to seek his fortune, and started in business as a grocer. He was known as a man of great piety and devotion, and his business was reputed to be a flourishing one, but when, in 1773, he gave up his shop, his finances, owing to personal extravagance, were in a deplorable condition.

Nevertheless, Desrues entered into negotiations with a Madame de la Motte for the purchase from her of a country estate, and, when the time came for the payment of the purchase money, invited her to stay with him in Paris pending the transfer. While she was still his guest, he poisoned first her and then her son, a youth of sixteen. Then, having forged a receipt for the purchase money and taken on the aristocratic name "Desrues de Bury," he endeavoured to obtain possession of the property.

But by this time the disappearance of Madame de la Motte and her son had aroused suspicion. Desrues was arrested, the bodies of his victims were discovered, and the crime was brought home to him. He was originally sentenced to life in prison, but was retried and condemned to be torn asunder alive and burned. He was condemned to death and executed in Paris in 1777, Desrues repeating protestations of his innocence to the last. An extended debate ensued after his death, which was seen as a touchstone for understanding both the last years of the Ancien Régime and the early revolutionary period, with Balzac, Hugo, and Dumas among the participants. As late as 1828 a dramatic version of it was performed in Paris.


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Antoine-Franois Desrues, né en 1744 à Chartres et roué en 1777 à Paris, est un empoisonneur franais.

Marchand épicier à Paris, Desrues s'enrichit par des escroqueries et des crimes et sut, par son hypocrisie, se faire une telle réputation de vertu que pendant longtemps on ne put le souponner. Ayant acheté à M. de La Motte, écuyer du roi, la terre de Buisson-Soö‚f, qu'il devait payer 130 000 livres, il résolut de faire mourir toute la famille de son créancier afin de s'emparer du bien sans rien débourser : il avait déjà empoisonné la femme et le fils, lorsque son crime fut découvert. Il fut roué vif en 1777 en place de Grve à Paris, son corps fut brulé et cendres dispersées.

Ce fut Charles-Henri Sanson, futur bourreau du roi Louis XVI, qui procéda au supplice.

Soutenu par le petit peuple qui voyait en lui un simple martyr, victime de l'arbitraire royal ne lui ayant mme pas épargné le bùcher, ce fils de petit boutiquier eut ses cendres filtrées par une foule étant allée jusqu'à se battre pour en récupérer le moindre bout d'os, reliques auxquelles elle attribuait des vertus magiques (enrichissement) et qui furent ensuite l'objet d'un commerce.

Sa femme, enfermée à la Salptrire, fut assassinée par les émeutiers lors des massacres de Septembre, en 1792.

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“COMPLAINTE HISTORIQUE ET CIRCONSTANCIéE,” Execution Ballads, accessed April 24, 2024, https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/982.

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