Complainte et lamentations, faite sur la cruelle, & lamentable Mort, de Charle Stuart Roy d'Angleterre, d'Escosse, & d'Yrlande.
Title
Complainte et lamentations, faite sur la cruelle, & lamentable Mort, de Charle Stuart Roy d'Angleterre, d'Escosse, & d'Yrlande.
Subtitle
Executé en public dans la Ville de Londres le 30. Ianvier 1649.
Synopsis
French protest at execution of Charles I of England
Image / Audio Credit
BL
Transcription
CEdres hauts eslevés, au milieu des Campagnes,
Et Rochers tres-puissants, ainsi que des Montagnes,
Las! trembles tous à ce coup; tout saisis de frayeur!
Voyant que la cognée, met à bas la Grandeur.
Arrestes vous Ruisseaux, & prestes vos oreilles,
Entendes en un mot, des estranges merveilles
Perpetré depuis peu, parmy un Peuple Anglois,
Escoutes, ô Chrestiens, un pitoyable cas!
Une guerre Civile, s'estant esmeu entr'eux,
Que te contraignit ô Roy, à te retirer d'eux,
Pour te défendre mieux, & te garder d'embusches,
Et n'estre pas surpris, de leurs fausses astuces.
On le poursuit, le bat, contraint à la retraitte,
Tous remplis de fureur, le nomment ROY sans TESTE,
Apres plusieurs combats, il fuit dans une Ville,
Où il est assiegé, de ces Gens incivile,
En la fin, force luy est, d'en sortir finement,
Assisté de quelqu'homme, pris dans un Regiment,
Sortis il s'en alla, vers l'Armée Escossoise,
Croyant le General, avoir l'ame courtoise.
Mais l'inique perfide, pour tirer de l'argent,
Le livre entre les mains, de ceux de Parlement,
Qui sans riens respecter, Sa Majesté Royale,
L'ont logé en Prison, d'un faon brutale,
Là où ils l'ont tenu, par diverses années,
Et traittant avec luy, par des fausses menées,
En fin l'ont dégradé, de toute Seigneurie,
Tesmoignant en cela, leur mal-heureuse envie,
Cependant on meurtrit, on coupe, execute,
Ceux qui tiennent pour luy, on tue, on persecute:
Ayant force en main, on taille, la commune,
On y change les Loys, sans en espargner Une.
Des Sectes infinies, s'y font journellement,
N'ayant en l'Evangile, aucun bon fondement,
Le Parlement permet, tous mauvais sectataires,
Moyennant de l'argent, pour eux, en pour la Guerre.
Las! le peuple gemît, de telle tirannie,
Mais si quelqu'un s'oppose, on luy oste la vie:
Fairfax fait le fendant, avecque son Armé,
Qu'il transmet & tracasse, par toute la Contrée,
Ainsi le pauvre peuple, est par tout ravagé,
Et jusqu'au dernier bout, de ces gens affligé;
Chacun lamante, ayant l'Ame abatuö‚,
Priant Dieu de leur rendre leur liberté perduö‚:
On transmet le Roy, allant de place en place,
Par des gens de Fairfax, ne parlans qu'en menace:
Enfin ce pauvre Roy, supplie qu'on s'accorde,
Rendant à la Patrie, la paix & la concorde.
Dont ceux du Parlement, quelques-uns deputerent
Et avant que partir, ensemble s'accorderent:
Car le Roy lors ceda, à toutes leurs demandes,
Sans nulles refuser, ou petites ou grandes.
Mais! de rien ne te sert, ô Roy, ta liberalité,
A des gens sanguinaire, remplis de cruauté,
Tu prie qu'à ton peuple, la paix on vueille rendre
Tes ennemis felons; de voir ton sang épandre,
Car ce monstre de Fairfax, que l'Enfer enfanta,
Armé d'une fureur, que le Diable alluma,
Poursuit tout effrené, & tout bousti de rage,
Le des-astre, la fin, de ce divin ouvrage,
D'autre part, ce perfide, ce Demon de Cromwel,
Ainsi que l'autre armé, d'un courage cruel,
Ne cesse de crier, Qu'on oste, & crucifie
Son souverain Seigneur, plein d'honneur & de vie:
Moy tout plein de douleur, & de compassion,
De voir un Roy Chrestien, & de la Nation,
Traitté de ses sujets, de faon si cruelle;
Je crie à des puants, paricides, rebelle:
Les Cieux ont ils produits, des ames si étrange,
Ou! le Diable a-il? produisant son mélange,
La nature changé aux ventres de vos Mere,
Estes-vous bien le fils, d'un si énorme Pere?
Auries-vous bien le cour, si plein de perfidie,
Que de vouloir oster, à vostre Roy la vie?
Un Roy d'ancienne Race, qui ne vous a méfait,
Si n'est que la douceur, estimies un forfait.
Ha! vous le menaces, helas! quel arrogance,
Est cela le respect, l'honneur, la reverence,
Laquelle vous devez, rendre à sa Majesté?
Qui vous donne l'audace, & telle liberté?
C'est le Diable tout seul, dont estes les genies,
Car Dieu n'est autheur, de telles felonies:
Dieu est plein de pitié, & de compassion,
Et le Diable cruel, déloyal, & felon.
Dieu commande aux Sujets, d'obeö¿r à son Roy,
Le Diable au contraire, de luy faire la Loy.
Ha! je voy qu'on s'avance, quoy! que veut-on faire,
Veut-on sacrifier, un des Dieux de la Terre?
Quoy donc, c'est tout de bon, que le voules produire
Dessus un Eschaffaut, pour servir de martyre?
C'est doncques à ce coup, ô Brebis innocente,
Que tu dois asouffir, ces ames tant méchante:
Helas! quelle douleur, possede lors mon ame,
Quand je t'entens monter, un degré tant infame;
Quand sur un Eschaffaut, bien éloigné d'un Thrône,
Je voy' qu'on veut oster, la Vie, & la Couronne.
Helas! quel changement, de voir Sa Majesté,
Au lieu des grands Seigneurs, d'un Bourreau assisté.
Abandonné des tiens, & delaissé en proye
Aux Demons de la terre, qui en ryent de joye.
Quel changement helas! quand au lieu de ta Table,
Couverte richement, de Tous, met delectable,
Tu n'as qu'un Eschaffaut, tendu par tout du Noir,
Signe esvident du mal, que tu dois recevoir.
Pour Vaisselle un Bloc, avec peu d'artifice,
Ta Majesté l'Agneau, pour un tel sacrifice,
Ton Eschanson un Bouc, vilaine creature,
Un Bourreau en effet, un Tigre de nature.
Ha! cruel tu y vas, d'une rude démarche,
Comment aurois-tu bien, en ton coeur tell'audace?
Quoy! ton coeurs est-il confit, en incompassion?
Et ton ame abruties, desnué de raison?
Aurois-tu bien le coeur, que de ton Roy occire?
Sauroyent bien tes yeux, regarder ce martyre?
Sans perdre leur clarté, d'un sens évanouö¿s?
Ou passer à l'instant, d'une frayeur saisis?
Ha! tu prens la Cognée, regarde que veux faire,
Dieu tient son oeil fiché, icy bas en la terre:
Il voit ce qu'on veut faire, & tout ne souffrira,
S'il l'endure à la fin, un jour s'en vengera.
Ha! garde-toy indigne, du tout desnaturé,
Ne touche pas ne touche, à ce Corps tout sacré,
Que ton coeur putrefect, & que ta main impure,
N'offense nullement, sa Royale Stature.
O! la mal-heureux coup, ô! coup tres-mal-heureux!
Je vois le Corps du Roy, dont il separe en deux:
Ne touche ô! cruel, son Chef que je lamente,
Mon mal est assés grand, je te prie ne l'augmente.
O peuple furibont! nation sanguinaire:
Vous avez bien osé, un Oinct de Dieu défaire.
Vous avez comme Tigre, cruels & furieux,
Osté la Vie au Roy, à vous donné dés Cieux,
D'un si grand mal, quelle est vostre esperance?
Qu'attendez-vous du Ciel, d'une si grand' offense?
Vostre mal sans égal, vos injustes sentences,
Et la mort d'un grand Roy, crient au Ciel vengeances!
Quoy! vous ne pleures pas, helas! est-il possible,
Qu'ayez en vos pechés, le coeur tant invincible?
Quoy! vous ne pleures pas, & des Roches entieres,
Comblées de douleurs, distillent des Rivieres.
Les Bestes les plus farouches, gemisent par les champs;
Et les Oyseaux de l'air, ont delaissé leurs chants.
Quoy! vous estez insensible, & si n'avez au coeur
Aucune repentance, ny aucune douleur.
Je voy tout l'Univers, se lamenter & plaindre,
Et vous ne craignans Dieu, vous ne voulez rien craindre.
Les Poissons de la Mer, voyant un tel n'auffrage,
Se cachent sous les Eaux, loin de vostre rivage.
Et les Monts immobiles, ne cessent de trembler,
Au bruit d'un si grand Coup, indigne de nommer.
Bref; on ne voit en l'air, sur la terre, ou l'onde,
Rien qui ne soit touché, de douleurs tres-profonde,
Sinon [TO BE CONTINUED!!!]
Et Rochers tres-puissants, ainsi que des Montagnes,
Las! trembles tous à ce coup; tout saisis de frayeur!
Voyant que la cognée, met à bas la Grandeur.
Arrestes vous Ruisseaux, & prestes vos oreilles,
Entendes en un mot, des estranges merveilles
Perpetré depuis peu, parmy un Peuple Anglois,
Escoutes, ô Chrestiens, un pitoyable cas!
Une guerre Civile, s'estant esmeu entr'eux,
Que te contraignit ô Roy, à te retirer d'eux,
Pour te défendre mieux, & te garder d'embusches,
Et n'estre pas surpris, de leurs fausses astuces.
On le poursuit, le bat, contraint à la retraitte,
Tous remplis de fureur, le nomment ROY sans TESTE,
Apres plusieurs combats, il fuit dans une Ville,
Où il est assiegé, de ces Gens incivile,
En la fin, force luy est, d'en sortir finement,
Assisté de quelqu'homme, pris dans un Regiment,
Sortis il s'en alla, vers l'Armée Escossoise,
Croyant le General, avoir l'ame courtoise.
Mais l'inique perfide, pour tirer de l'argent,
Le livre entre les mains, de ceux de Parlement,
Qui sans riens respecter, Sa Majesté Royale,
L'ont logé en Prison, d'un faon brutale,
Là où ils l'ont tenu, par diverses années,
Et traittant avec luy, par des fausses menées,
En fin l'ont dégradé, de toute Seigneurie,
Tesmoignant en cela, leur mal-heureuse envie,
Cependant on meurtrit, on coupe, execute,
Ceux qui tiennent pour luy, on tue, on persecute:
Ayant force en main, on taille, la commune,
On y change les Loys, sans en espargner Une.
Des Sectes infinies, s'y font journellement,
N'ayant en l'Evangile, aucun bon fondement,
Le Parlement permet, tous mauvais sectataires,
Moyennant de l'argent, pour eux, en pour la Guerre.
Las! le peuple gemît, de telle tirannie,
Mais si quelqu'un s'oppose, on luy oste la vie:
Fairfax fait le fendant, avecque son Armé,
Qu'il transmet & tracasse, par toute la Contrée,
Ainsi le pauvre peuple, est par tout ravagé,
Et jusqu'au dernier bout, de ces gens affligé;
Chacun lamante, ayant l'Ame abatuö‚,
Priant Dieu de leur rendre leur liberté perduö‚:
On transmet le Roy, allant de place en place,
Par des gens de Fairfax, ne parlans qu'en menace:
Enfin ce pauvre Roy, supplie qu'on s'accorde,
Rendant à la Patrie, la paix & la concorde.
Dont ceux du Parlement, quelques-uns deputerent
Et avant que partir, ensemble s'accorderent:
Car le Roy lors ceda, à toutes leurs demandes,
Sans nulles refuser, ou petites ou grandes.
Mais! de rien ne te sert, ô Roy, ta liberalité,
A des gens sanguinaire, remplis de cruauté,
Tu prie qu'à ton peuple, la paix on vueille rendre
Tes ennemis felons; de voir ton sang épandre,
Car ce monstre de Fairfax, que l'Enfer enfanta,
Armé d'une fureur, que le Diable alluma,
Poursuit tout effrené, & tout bousti de rage,
Le des-astre, la fin, de ce divin ouvrage,
D'autre part, ce perfide, ce Demon de Cromwel,
Ainsi que l'autre armé, d'un courage cruel,
Ne cesse de crier, Qu'on oste, & crucifie
Son souverain Seigneur, plein d'honneur & de vie:
Moy tout plein de douleur, & de compassion,
De voir un Roy Chrestien, & de la Nation,
Traitté de ses sujets, de faon si cruelle;
Je crie à des puants, paricides, rebelle:
Les Cieux ont ils produits, des ames si étrange,
Ou! le Diable a-il? produisant son mélange,
La nature changé aux ventres de vos Mere,
Estes-vous bien le fils, d'un si énorme Pere?
Auries-vous bien le cour, si plein de perfidie,
Que de vouloir oster, à vostre Roy la vie?
Un Roy d'ancienne Race, qui ne vous a méfait,
Si n'est que la douceur, estimies un forfait.
Ha! vous le menaces, helas! quel arrogance,
Est cela le respect, l'honneur, la reverence,
Laquelle vous devez, rendre à sa Majesté?
Qui vous donne l'audace, & telle liberté?
C'est le Diable tout seul, dont estes les genies,
Car Dieu n'est autheur, de telles felonies:
Dieu est plein de pitié, & de compassion,
Et le Diable cruel, déloyal, & felon.
Dieu commande aux Sujets, d'obeö¿r à son Roy,
Le Diable au contraire, de luy faire la Loy.
Ha! je voy qu'on s'avance, quoy! que veut-on faire,
Veut-on sacrifier, un des Dieux de la Terre?
Quoy donc, c'est tout de bon, que le voules produire
Dessus un Eschaffaut, pour servir de martyre?
C'est doncques à ce coup, ô Brebis innocente,
Que tu dois asouffir, ces ames tant méchante:
Helas! quelle douleur, possede lors mon ame,
Quand je t'entens monter, un degré tant infame;
Quand sur un Eschaffaut, bien éloigné d'un Thrône,
Je voy' qu'on veut oster, la Vie, & la Couronne.
Helas! quel changement, de voir Sa Majesté,
Au lieu des grands Seigneurs, d'un Bourreau assisté.
Abandonné des tiens, & delaissé en proye
Aux Demons de la terre, qui en ryent de joye.
Quel changement helas! quand au lieu de ta Table,
Couverte richement, de Tous, met delectable,
Tu n'as qu'un Eschaffaut, tendu par tout du Noir,
Signe esvident du mal, que tu dois recevoir.
Pour Vaisselle un Bloc, avec peu d'artifice,
Ta Majesté l'Agneau, pour un tel sacrifice,
Ton Eschanson un Bouc, vilaine creature,
Un Bourreau en effet, un Tigre de nature.
Ha! cruel tu y vas, d'une rude démarche,
Comment aurois-tu bien, en ton coeur tell'audace?
Quoy! ton coeurs est-il confit, en incompassion?
Et ton ame abruties, desnué de raison?
Aurois-tu bien le coeur, que de ton Roy occire?
Sauroyent bien tes yeux, regarder ce martyre?
Sans perdre leur clarté, d'un sens évanouö¿s?
Ou passer à l'instant, d'une frayeur saisis?
Ha! tu prens la Cognée, regarde que veux faire,
Dieu tient son oeil fiché, icy bas en la terre:
Il voit ce qu'on veut faire, & tout ne souffrira,
S'il l'endure à la fin, un jour s'en vengera.
Ha! garde-toy indigne, du tout desnaturé,
Ne touche pas ne touche, à ce Corps tout sacré,
Que ton coeur putrefect, & que ta main impure,
N'offense nullement, sa Royale Stature.
O! la mal-heureux coup, ô! coup tres-mal-heureux!
Je vois le Corps du Roy, dont il separe en deux:
Ne touche ô! cruel, son Chef que je lamente,
Mon mal est assés grand, je te prie ne l'augmente.
O peuple furibont! nation sanguinaire:
Vous avez bien osé, un Oinct de Dieu défaire.
Vous avez comme Tigre, cruels & furieux,
Osté la Vie au Roy, à vous donné dés Cieux,
D'un si grand mal, quelle est vostre esperance?
Qu'attendez-vous du Ciel, d'une si grand' offense?
Vostre mal sans égal, vos injustes sentences,
Et la mort d'un grand Roy, crient au Ciel vengeances!
Quoy! vous ne pleures pas, helas! est-il possible,
Qu'ayez en vos pechés, le coeur tant invincible?
Quoy! vous ne pleures pas, & des Roches entieres,
Comblées de douleurs, distillent des Rivieres.
Les Bestes les plus farouches, gemisent par les champs;
Et les Oyseaux de l'air, ont delaissé leurs chants.
Quoy! vous estez insensible, & si n'avez au coeur
Aucune repentance, ny aucune douleur.
Je voy tout l'Univers, se lamenter & plaindre,
Et vous ne craignans Dieu, vous ne voulez rien craindre.
Les Poissons de la Mer, voyant un tel n'auffrage,
Se cachent sous les Eaux, loin de vostre rivage.
Et les Monts immobiles, ne cessent de trembler,
Au bruit d'un si grand Coup, indigne de nommer.
Bref; on ne voit en l'air, sur la terre, ou l'onde,
Rien qui ne soit touché, de douleurs tres-profonde,
Sinon [TO BE CONTINUED!!!]
Method of Punishment
beheading
Crime(s)
treason
Gender
Date
Execution Location
London
Printing Location
Imprimé en l'An mil six cens quarante-&-neuf.
Collection
Citation
“Complainte et lamentations, faite sur la cruelle, & lamentable Mort, de Charle Stuart Roy d'Angleterre, d'Escosse, & d'Yrlande.,” Execution Ballads, accessed December 22, 2024, https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/981.