Chanson nouvelle d'une servante de Laon laquelle a esté bruslee toute vive pour avoir empoisonné sa maistresse, pensant avoir son Maistre en Mariage.
Title
Chanson nouvelle d'une servante de Laon laquelle a esté bruslee toute vive pour avoir empoisonné sa maistresse, pensant avoir son Maistre en Mariage.
Subtitle
Sur le chant, Il y a un cler en ceste ville, &c.
Set to tune of...
Il y a un cler en ceste ville, &c.
Transcription
Escoutez un cas déplorable,
De moy chetive & miserable,
Qu'ay fait par trop aventureux
Par un conseil pernicieux.
Moy que estois pauvre servante,
Mal avisée & peu sçavante
Ay faict à ma maistresse tort,
la mettant du tout à mort.
C'est ennemy remply de rage,
Pour me tirer à son servage
M'est venu ainsi recevoir,
Pour mon âme excellente avoir.
Disant d'invention meschante,
Que plus je ne serois servante,
Si poison voulois acheter
Pour ma maistresse empoisonner.
Moy entant ainsi poursuivie
De ce faux Sathan par l'envie,
Je m'absenta de la maison
Pour acheter ceste poison.
Et puis par une folle rage
Je la vins metter en son potage
Dont ma maistresse par l'effort
De ce poison fut mise à mort.
Dequoy esmerveillé mon magister
Qui rien ne sçavoit du faict traistre
Que j'avois meschamment commis
Fut en grande tristesse mis.
Faisant soudain devoir extreme,
Pour donner remede à sa femme,
De courir aux Chirurgiens,
Pour y trouver quelques moyens.
Mia il n'ont seu en nulle sorte
Retarder ceste poison forte,
Dont ma bonne maistresse helas,
Fut tout soudain mise au trespas.
Mon maistre ignorant la furie
De la poison & maladie,
Fit subit ma maistresse ouvrir,
Pour le vilain faict descouvrir.
Aussi tost ma maistresse ouverte,
Ceste poison fut descouverte
Et fut tout averé le cas,
De sa mort subite & trespas.
Voyant la trahison meschante
Et que j'estois seule servante
Mon maistre s'en va au Prevost
Lequel me vient saisir bien tost.
Estant ainsi en prison mise
Et puis par la justice enquise
De ce meschant traistre forfait
Soudain j'ay confessé mon faict.
Disant que soubs espoir volage
D'avoir mon maistre en mariage
J'avois donné ceste poison
A ma maistresse en trahison.
Le cas confessé, la justice
Me condamne au dernier supplice
Et de passer par la rigueur
Du feu en tresgrande douleur.
Ainsi par ma faute insensée
Seray toute vive bruslée
Comme je l'ay bien merité
Par mon faict plein de cruauté.
Or entre vous autres servantes
Ne soyez comme moy meschantes,
Priez pour moy le doux Jesus
Conduire mon ame là sus.
De moy chetive & miserable,
Qu'ay fait par trop aventureux
Par un conseil pernicieux.
Moy que estois pauvre servante,
Mal avisée & peu sçavante
Ay faict à ma maistresse tort,
la mettant du tout à mort.
C'est ennemy remply de rage,
Pour me tirer à son servage
M'est venu ainsi recevoir,
Pour mon âme excellente avoir.
Disant d'invention meschante,
Que plus je ne serois servante,
Si poison voulois acheter
Pour ma maistresse empoisonner.
Moy entant ainsi poursuivie
De ce faux Sathan par l'envie,
Je m'absenta de la maison
Pour acheter ceste poison.
Et puis par une folle rage
Je la vins metter en son potage
Dont ma maistresse par l'effort
De ce poison fut mise à mort.
Dequoy esmerveillé mon magister
Qui rien ne sçavoit du faict traistre
Que j'avois meschamment commis
Fut en grande tristesse mis.
Faisant soudain devoir extreme,
Pour donner remede à sa femme,
De courir aux Chirurgiens,
Pour y trouver quelques moyens.
Mia il n'ont seu en nulle sorte
Retarder ceste poison forte,
Dont ma bonne maistresse helas,
Fut tout soudain mise au trespas.
Mon maistre ignorant la furie
De la poison & maladie,
Fit subit ma maistresse ouvrir,
Pour le vilain faict descouvrir.
Aussi tost ma maistresse ouverte,
Ceste poison fut descouverte
Et fut tout averé le cas,
De sa mort subite & trespas.
Voyant la trahison meschante
Et que j'estois seule servante
Mon maistre s'en va au Prevost
Lequel me vient saisir bien tost.
Estant ainsi en prison mise
Et puis par la justice enquise
De ce meschant traistre forfait
Soudain j'ay confessé mon faict.
Disant que soubs espoir volage
D'avoir mon maistre en mariage
J'avois donné ceste poison
A ma maistresse en trahison.
Le cas confessé, la justice
Me condamne au dernier supplice
Et de passer par la rigueur
Du feu en tresgrande douleur.
Ainsi par ma faute insensée
Seray toute vive bruslée
Comme je l'ay bien merité
Par mon faict plein de cruauté.
Or entre vous autres servantes
Ne soyez comme moy meschantes,
Priez pour moy le doux Jesus
Conduire mon ame là sus.
Method of Punishment
burning
Crime(s)
murder
Gender
Date
Printing Location
Lyon: Simon Rigaud, 1606
'La Fleur du Rozier des chansons'
'La Fleur du Rozier des chansons'
Collection
Citation
“Chanson nouvelle d'une servante de Laon laquelle a esté bruslee toute vive pour avoir empoisonné sa maistresse, pensant avoir son Maistre en Mariage.,” Execution Ballads, accessed November 22, 2024, https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/973.