COMPLAINTE, Sur les horreurs commises à Nantes, par l'Ordre de Carrier.
Title
COMPLAINTE, Sur les horreurs commises à Nantes, par l'Ordre de Carrier.
Subtitle
Air: de la Romance de Gabrielle de Vergy
Synopsis
The Drownings at Nantes (French: Noyades de Nantes) were a series of mass executions by drowning during the Reign of Terror in Nantes, France, that occurred between November 1793 and February 1794. During this period, anyone arrested and jailed for not consistently supporting the Revolution, or suspected of being a royalist sympathizer, especially Catholic priests and nuns, was cast into the Loire and drowned on the orders of Jean-Baptiste Carrier, the representative-on-mission in Nantes. Before the horrific murders ceased, as many as four thousand or more people, including innocent families with women and children, lost their lives in what Carrier himself called "the national bathtub."
Image / Audio Credit
BL Shelfmark(s): General Reference Collection 722.d.18.
Set to tune of...
de la Romance de Gabrielle de Vergy
Transcription
TOUT est lugubre dans l'histoire,
Que nous allons vous raconter.
Les faits sont vrais, ils sont notoires,
Aucun ne peut les contester.
Jamais la justice sévère,
N'eut à punir autant d'horreurs;
Aux larmes de la france entière,
Peuple sensible ouvrez vos coeurs.
NANTES dans une paix profonde,
Jouissoit de la Liberté.
Lorsque CARRIER, cette ame immonde,
Troubla cette heureuse Cité.
Devant lui le bonheur s'envole,
La Mort le suit avec le Deuil;
NANTES bientôt à sa parole,
Se change en un vaste Cercueil.
CARRIER, ce tigre sanguinaire,
Ne pouvant seul tout ravager,
D'un Club Révolutionnaire,
Arme les mains pour égorger;
Et pour mériter son estime,
Il exige de chaque agent,
Qu'il puisse, sans horreur du crime,
Avaler un verre de sang. [line in italics]
Lorsque ce tyran plein de rage,
De ces brigans eut fait sa Cour;
Afin d'animer leur courage,
Il leur tint cet affreux discours:
'Surtout, qu'on n'épargne personne,
Je vous remets mon plein pouvoir;
Et sachez que quand je l'ordonne,
L'ASSASSINAT est un devoir.'
Ces monstres fiers de leur puissance,
En tout lieu portent la terreur;
La foible et timide innocence,
N'échappe pas à leur fureur.
Le fils voit enlever son pre,
Malgré ses cris et ses sanglots;
La fille, du sein de sa mre,
Passe dans le fond des cachots.
Tous les malheureux qu'on entasse,
Dans ces souterraines prisons,
L'un à l'autre, faute de place,
Se portent de mortels poisons.
L'air contagieux qu'on respire,
Leur a bientôt donné la mort;
Si quelqu'un par pitié soupire,
On lui réserve le même sort.
Mais d'où partent ces voix plaintives,
Ces cris, ces douloureux accens,
La Loire le long de ses rives,
Répète leurs gémissemens.
CARRIER, quelle est ta barbarie,
Quel crime ont commis ces enfans,
Et c'est au nom de la PATRIE,
Que tu les livres aux tourmens.
L'instrument qui tranche les Têtes,
Pour son objet paroît trop lent;
CARRIER ordonne qu'on apprête
Un plus meurtrier instrument;
C'est un Bateau fait à coulisse,
Qui semble ferme sur les eaux;
Mais, par un secret artifice,
Il s'ouvre et descent dans les flots.
Vers cette machine fatale,
Quatre cents Enfans sont conduits;
Une férocité brutale,
Les dépouille de leurs habits.
Ils tendoient des mains suppliantes;
Mais une troupe de Soldats,
Déployant des lames tranchantes,
S'amuse à couper les Bras.
Chaque jour un nouveau carnage,
Leur présente un plaisir nouveau.
Hommes et femmes de tout âge,
Sont renfermés dans le bateau;
Et, pour insulter la nature,
Là, les deux sexes confondus,
Dépouillés par des mains impures,
L'un à l'autre se montroient nuds.
Une Femme parut enceinte,
A ces impudiques soldats;
Aussitôt leur ame est atteinte
D'un desir qu'on ne conçoit pas.
En vain la Femme les implore,
Ils vont arracher à ses flancs,
Un Enfant qui palpite encore,
Qui bientôt meurt dans les Tourmens.
CARRIER, reconnois ton ouvrage,
D'où viennent ces monceaux de morts,
Que la Loire dans son passage,
Par-tout rejette sur ses bords.
Depuis que tu parus à NANTES,
Ce fleuve autrefois si vanté,
N'a roulé que des eaux sanglantes,
A l'Océan épouvanté.
Vois tous ces morts, monstre perfide;
C'est toi qui fut leur assassin;
C'est toi, c'est ton fer homicide,
Que leur a déchiré le sein:
Leur Corps restés sans sépulture,
Nuds, exposés à tous les yeux,
Aux Chiens qui cherchent leur pâture,
Offrent un aliment affreux.
CARRIER, tu vivras dans l'histoire,
Mais comme y doit vivre un Brigant;
Ton nom gravé dans la mémoire,
Y restera couillé de sang.
Monstre tout composé de vices,
Homme scélérat et pervers,
Ton Corps appartient aux Supplices,
Ton Ame appartient aux Enfers!
FIN.
Que nous allons vous raconter.
Les faits sont vrais, ils sont notoires,
Aucun ne peut les contester.
Jamais la justice sévère,
N'eut à punir autant d'horreurs;
Aux larmes de la france entière,
Peuple sensible ouvrez vos coeurs.
NANTES dans une paix profonde,
Jouissoit de la Liberté.
Lorsque CARRIER, cette ame immonde,
Troubla cette heureuse Cité.
Devant lui le bonheur s'envole,
La Mort le suit avec le Deuil;
NANTES bientôt à sa parole,
Se change en un vaste Cercueil.
CARRIER, ce tigre sanguinaire,
Ne pouvant seul tout ravager,
D'un Club Révolutionnaire,
Arme les mains pour égorger;
Et pour mériter son estime,
Il exige de chaque agent,
Qu'il puisse, sans horreur du crime,
Avaler un verre de sang. [line in italics]
Lorsque ce tyran plein de rage,
De ces brigans eut fait sa Cour;
Afin d'animer leur courage,
Il leur tint cet affreux discours:
'Surtout, qu'on n'épargne personne,
Je vous remets mon plein pouvoir;
Et sachez que quand je l'ordonne,
L'ASSASSINAT est un devoir.'
Ces monstres fiers de leur puissance,
En tout lieu portent la terreur;
La foible et timide innocence,
N'échappe pas à leur fureur.
Le fils voit enlever son pre,
Malgré ses cris et ses sanglots;
La fille, du sein de sa mre,
Passe dans le fond des cachots.
Tous les malheureux qu'on entasse,
Dans ces souterraines prisons,
L'un à l'autre, faute de place,
Se portent de mortels poisons.
L'air contagieux qu'on respire,
Leur a bientôt donné la mort;
Si quelqu'un par pitié soupire,
On lui réserve le même sort.
Mais d'où partent ces voix plaintives,
Ces cris, ces douloureux accens,
La Loire le long de ses rives,
Répète leurs gémissemens.
CARRIER, quelle est ta barbarie,
Quel crime ont commis ces enfans,
Et c'est au nom de la PATRIE,
Que tu les livres aux tourmens.
L'instrument qui tranche les Têtes,
Pour son objet paroît trop lent;
CARRIER ordonne qu'on apprête
Un plus meurtrier instrument;
C'est un Bateau fait à coulisse,
Qui semble ferme sur les eaux;
Mais, par un secret artifice,
Il s'ouvre et descent dans les flots.
Vers cette machine fatale,
Quatre cents Enfans sont conduits;
Une férocité brutale,
Les dépouille de leurs habits.
Ils tendoient des mains suppliantes;
Mais une troupe de Soldats,
Déployant des lames tranchantes,
S'amuse à couper les Bras.
Chaque jour un nouveau carnage,
Leur présente un plaisir nouveau.
Hommes et femmes de tout âge,
Sont renfermés dans le bateau;
Et, pour insulter la nature,
Là, les deux sexes confondus,
Dépouillés par des mains impures,
L'un à l'autre se montroient nuds.
Une Femme parut enceinte,
A ces impudiques soldats;
Aussitôt leur ame est atteinte
D'un desir qu'on ne conçoit pas.
En vain la Femme les implore,
Ils vont arracher à ses flancs,
Un Enfant qui palpite encore,
Qui bientôt meurt dans les Tourmens.
CARRIER, reconnois ton ouvrage,
D'où viennent ces monceaux de morts,
Que la Loire dans son passage,
Par-tout rejette sur ses bords.
Depuis que tu parus à NANTES,
Ce fleuve autrefois si vanté,
N'a roulé que des eaux sanglantes,
A l'Océan épouvanté.
Vois tous ces morts, monstre perfide;
C'est toi qui fut leur assassin;
C'est toi, c'est ton fer homicide,
Que leur a déchiré le sein:
Leur Corps restés sans sépulture,
Nuds, exposés à tous les yeux,
Aux Chiens qui cherchent leur pâture,
Offrent un aliment affreux.
CARRIER, tu vivras dans l'histoire,
Mais comme y doit vivre un Brigant;
Ton nom gravé dans la mémoire,
Y restera couillé de sang.
Monstre tout composé de vices,
Homme scélérat et pervers,
Ton Corps appartient aux Supplices,
Ton Ame appartient aux Enfers!
FIN.
Method of Punishment
drowning
Date
Execution Location
Nantes
Tune Data
Title: [Romance of Gabrielle de Vergy.]
Author: Louis César de la Baume Le Blanc La Vallire duc de, 1708-1780
Printed for first time (along with Les infortunés Amours de Cominges), 1752, with music.
Author: Louis César de la Baume Le Blanc La Vallire duc de, 1708-1780
Printed for first time (along with Les infortunés Amours de Cominges), 1752, with music.
Collection
Citation
“COMPLAINTE, Sur les horreurs commises à Nantes, par l'Ordre de Carrier.,” Execution Ballads, accessed November 22, 2024, https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/984.