LA COMPLAINTE DV GIBET DE MONT-faucon, sur la mort du Marquis d'Ancre.
Title
LA COMPLAINTE DV GIBET DE MONT-faucon, sur la mort du Marquis d'Ancre.
Synopsis
Concino Concini (Florence, 1575 äóñ Paris, 24 April 1617), was an Italian politician, best known for being a minister of Louis XIII of France, as the favourite of his mother, Marie de Medici.
Murdered by Louis's soldiers, this complainte is by Montfaucon who regrets being unable to have participated in his death.
Power and Reputation at the Court of Louis XIII: The Career of Charles d'Albert, duc de Luynes (1578äóñ1621). By Sharon Kettering. Manchester: Manchester University Press. 2008
Murdered by Louis's soldiers, this complainte is by Montfaucon who regrets being unable to have participated in his death.
Power and Reputation at the Court of Louis XIII: The Career of Charles d'Albert, duc de Luynes (1578äóñ1621). By Sharon Kettering. Manchester: Manchester University Press. 2008
Transcription
[Orthography modernized: v/u, i/j, abbreviations corrected]
Ores que l'on quitte les armes
Que chacun exempt des alarmes
S'en va content en sa maison,
Je suis seul que l'on mescontente,
Et que l'on prive de l'attente
Que j'avois avec raison.
Sus Jean Guillaume qu'on s'esleve
Sur le haut pillier de la greve,
Comme fait sur l'orme un messier,
Montre comme tu me veux plaire,
Et que tu pendis ton beau-frere,
Pour te faire mon Officier.
Prend tes foÙets, tes cordes, tes roÙes,
Laisse de la halle les boÙes,
Ameine tes valets mutins,
Affin de r'avoir nostre proye,
Je suis prest de te mettre en voye,
Une legion de Lutins.
Il y a ja maintes annees,
Que les Arrests des destinees,
Un Conchine me promettoyent.
Et qu'il sortiroit de Florence,
Pour avoir l'honneur en France,
D'estre avec ceux quui m'habitoient
C'estoit le comble de sa gloire,
Hé quoy? voit-on pas en l'histoire
L'honneur de mon antre Rural,
Comme un Enguerrand le decore,
Un Gentil president encore,
Et qui plus est, un Admiral.
Ce Conchine estoit mon trophee,
Sa gorge de sang eschauffee,
S'attendoit boire aux filles Dieu,
Et de là comme par merveille
J'en faisois un pendant d'orelle,
A mon grand pillier du milieu.
Mais quoy, la fureur qui transporte,
L'entreprend au coing d'une porte,
Ou par force l'on le retient:
Dedans la terre l'on le cache,
De peur qu'à l'instant je ne tasche
A r'avoir ce qui m'appartient.
De terre l'on le tire sans grue,
On le traine parmy la rue,
Sa charongne est mise en morceaux,
On ne luy cherche point de tu[m?]be,
Et semble un Mahomet qui tumbe,
En vollant parmy les pourceaux.
L'on le pend à chaque potence,
Qu'avoit fait dresser sa puissance,
Par un exprez commandement,
Et la Foule d'ayse ravie,
Dit qu'il avoit fait pendant sa vie
Faict faire ainsi son monument.
En apres l'on le fait descendre,
Et prend-ton pour le mettre en cendre,
Tout le bois de tant de tombeaux.
Avant cette estrange advanture,
L'on predisoit sa sepulture,
Dans le ventre de mes corbeaux.
Il estoit mien, c'estoit mon hoste,
La hayne du peuple me l'oste,
Et ce qui plus me fait de mal,
C'est de ce que ces bestes escorchees,
Qui sont autour de moy couchees,
S'attendent à ce Mareshcal.
Nay-ie pas subject de fascherie,
Aucuns entreroyent en furie,
Pour beaucoup de moindres efforts,
C'est forcer la loy du Royaume,
Qu'oster les droits de Jean Guillaume
Et me faire perdre le corps.
Pourtant une chose m'esgaye,
C'est que je voy la Galligaye,
Que faisoit le moyne Bourry,
Et danant au clair de la Lune,
Venir comme femme commune,
Payer pour elle & son mary.
A l'attente de son supplice,
Je mets en oubly l'injustice
Qu'on a fait à moy & aux miens,
Et croy que mon Manoir antique,
Reprendra le lavé magnificque,
Que luy donnoyent les anciens.
Je feray refaire sans bricque,
Le pillier qu'abbatit la Ligue,
Et les trous des chauve-souris,
Je deviendray comme albastre,
Car j'ay le droit d'un sac de plastre
Sur chaque habitant de Paris.
J'entends que l'on m'aye en estime,
Autant que ce logis sublime,
Que l'on prepare aux langoureux:
Il est de Paris le plus proche,
Mais moy je suis dessus la roche,
La retraitte des mal'heureux.
[?]eveux pour me remettre en vogue,
Que des estrangers le plus rogue,
Fremisse au bruit de mon nom,
Si mes droits l'on ne vient me rendre,
Je feray desormais apprendre,
Que peut l'ire de Mont-faucon.
FIN.
Ores que l'on quitte les armes
Que chacun exempt des alarmes
S'en va content en sa maison,
Je suis seul que l'on mescontente,
Et que l'on prive de l'attente
Que j'avois avec raison.
Sus Jean Guillaume qu'on s'esleve
Sur le haut pillier de la greve,
Comme fait sur l'orme un messier,
Montre comme tu me veux plaire,
Et que tu pendis ton beau-frere,
Pour te faire mon Officier.
Prend tes foÙets, tes cordes, tes roÙes,
Laisse de la halle les boÙes,
Ameine tes valets mutins,
Affin de r'avoir nostre proye,
Je suis prest de te mettre en voye,
Une legion de Lutins.
Il y a ja maintes annees,
Que les Arrests des destinees,
Un Conchine me promettoyent.
Et qu'il sortiroit de Florence,
Pour avoir l'honneur en France,
D'estre avec ceux quui m'habitoient
C'estoit le comble de sa gloire,
Hé quoy? voit-on pas en l'histoire
L'honneur de mon antre Rural,
Comme un Enguerrand le decore,
Un Gentil president encore,
Et qui plus est, un Admiral.
Ce Conchine estoit mon trophee,
Sa gorge de sang eschauffee,
S'attendoit boire aux filles Dieu,
Et de là comme par merveille
J'en faisois un pendant d'orelle,
A mon grand pillier du milieu.
Mais quoy, la fureur qui transporte,
L'entreprend au coing d'une porte,
Ou par force l'on le retient:
Dedans la terre l'on le cache,
De peur qu'à l'instant je ne tasche
A r'avoir ce qui m'appartient.
De terre l'on le tire sans grue,
On le traine parmy la rue,
Sa charongne est mise en morceaux,
On ne luy cherche point de tu[m?]be,
Et semble un Mahomet qui tumbe,
En vollant parmy les pourceaux.
L'on le pend à chaque potence,
Qu'avoit fait dresser sa puissance,
Par un exprez commandement,
Et la Foule d'ayse ravie,
Dit qu'il avoit fait pendant sa vie
Faict faire ainsi son monument.
En apres l'on le fait descendre,
Et prend-ton pour le mettre en cendre,
Tout le bois de tant de tombeaux.
Avant cette estrange advanture,
L'on predisoit sa sepulture,
Dans le ventre de mes corbeaux.
Il estoit mien, c'estoit mon hoste,
La hayne du peuple me l'oste,
Et ce qui plus me fait de mal,
C'est de ce que ces bestes escorchees,
Qui sont autour de moy couchees,
S'attendent à ce Mareshcal.
Nay-ie pas subject de fascherie,
Aucuns entreroyent en furie,
Pour beaucoup de moindres efforts,
C'est forcer la loy du Royaume,
Qu'oster les droits de Jean Guillaume
Et me faire perdre le corps.
Pourtant une chose m'esgaye,
C'est que je voy la Galligaye,
Que faisoit le moyne Bourry,
Et danant au clair de la Lune,
Venir comme femme commune,
Payer pour elle & son mary.
A l'attente de son supplice,
Je mets en oubly l'injustice
Qu'on a fait à moy & aux miens,
Et croy que mon Manoir antique,
Reprendra le lavé magnificque,
Que luy donnoyent les anciens.
Je feray refaire sans bricque,
Le pillier qu'abbatit la Ligue,
Et les trous des chauve-souris,
Je deviendray comme albastre,
Car j'ay le droit d'un sac de plastre
Sur chaque habitant de Paris.
J'entends que l'on m'aye en estime,
Autant que ce logis sublime,
Que l'on prepare aux langoureux:
Il est de Paris le plus proche,
Mais moy je suis dessus la roche,
La retraitte des mal'heureux.
[?]eveux pour me remettre en vogue,
Que des estrangers le plus rogue,
Fremisse au bruit de mon nom,
Si mes droits l'on ne vient me rendre,
Je feray desormais apprendre,
Que peut l'ire de Mont-faucon.
FIN.
Method of Punishment
murder
Gender
Date
Execution Location
Paris
Printing Location
Amiens 1617
Notes
Le lundi 24 avril 1617 à 10 heures du matin dans la cour du Louvre, le baron de Vitry, capitaine des gardes du corps, aidé de son frre Mr du hallier, de son beau-frre, le baron de Persan ainsi que de son ami Fouquerolles et quelques compagnons, arrte au nom du roi le maréchal d'Ancre, Concino Concini. Le maréchal met la main à la garde de son épée aussitôt cinq coups de feu éclatent. Le maréchal s'écroule sur le pont. Il est mortellement atteint entre les deux yeux, à la joue et à la gorge. Son visage est méconnaissable. Les tueurs se précipitent lardant le corps du maréchal de coups d'épée. Le jour mme, le cadavre mutilé du maréchal d'Ancre est transporté dans l'église de Saint Germain l'Auxerrois. Le corps , enveloppé dans un drap de cinquante sols noué aux deux bouts par des ficelles, est inhumé sous une dalle, au pied des grandes orgues. Des Parisiens, libérés par la mort de Concini, péntrent dans Saint-germain l'Auxerrois, soulvent la dalle sous laquelle a été déposé le corps du maréchal d'Ancre, en exhumant le corps, le traînent dans les rues boueuses. Puis, pris de frénésie, le peuple s'acharne sur la dépouille de Concini. Lapidé et bastonné, le cadavre est traîné jusqu'au Pont Neuf, puis pendu par les pieds à l'une des potences qu'avaient fait élever le maréchal. Dépecé par la foule, ses restes seront brùlés.
Collection
Citation
“LA COMPLAINTE DV GIBET DE MONT-faucon, sur la mort du Marquis d'Ancre.,” Execution Ballads, accessed November 22, 2024, https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/1026.