HISTOIRE TRAGIQUE ET MORALE,

Title

HISTOIRE TRAGIQUE ET MORALE,

Subtitle

D'un ci-devant Epicier-Droguiste, Faussaire & Empoisonneur.
Sur l'Air: Approchez-vous, honorable assistance, &c.

Synopsis

Antoine Franois Desrues (1744-1777) was a French poisoner.

He was born at Chartres, of humble parents. He went to Paris to seek his fortune, and started in business as a grocer. He was known as a man of great piety and devotion, and his business was reputed to be a flourishing one, but when, in 1773, he gave up his shop, his finances, owing to personal extravagance, were in a deplorable condition.

Nevertheless he entered into negotiations with a Madame de la Motte for the purchase from her of a country estate, and, when the time came for the payment of the purchase money, invited her to stay with him in Paris pending the transfer. While she was still his guest, he poisoned first her and then her son, a youth of sixteen. Then, having forged a receipt for the purchase money and taken on the aristocratic name "Desrues de Bury," he endeavoured to obtain possession of the property.

But by this time the disappearance of Madame de la Motte and her son had aroused suspicion. Desrues was arrested, the bodies of his victims were discovered, and the crime was brought home to him. He was originally sentenced to life in prison, but was retried and condemned to be torn asunder alive and burned. He was condemned to death and executed in Paris in 1777, Desrues repeating protestations of his innocence to the last. An extended debate ensued after his death, which was seen as a touchstone for understanding both the last years of the Ancien Régime and the early revolutionary period, with Balzac, Hugo, and Dumas among the participants. As late as 1828 a dramatic version of it was performed in Paris.
French wikipedia: Antoine-Franois Desrues, né en 1744 à Chartres et roué en 1777 à Paris, est un empoisonneur franais.

Marchand épicier à Paris, Desrues s'enrichit par des escroqueries et des crimes et sut, par son hypocrisie, se faire une telle réputation de vertu que pendant longtemps on ne put le souponner. Ayant acheté à M. de La Motte, écuyer du roi, la terre de Buisson-Soö‚f, qu'il devait payer 130 000 livres, il résolut de faire mourir toute la famille de son créancier afin de s'emparer du bien sans rien débourser : il avait déjà empoisonné la femme et le fils, lorsque son crime fut découvert. Il fut roué vif en 1777 en place de Grve à Paris, son corps fut brulé et cendres dispersées.

Ce fut Charles-Henri Sanson, futur bourreau du roi Louis XVI, qui procéda au supplice.

Soutenu par le petit peuple qui voyait en lui un simple martyr, victime de l'arbitraire royal ne lui ayant mme pas épargné le bùcher, ce fils de petit boutiquier eut ses cendres filtrées par une foule étant allée jusqu'à se battre pour en récupérer le moindre bout d'os, reliques auxquelles elle attribuait des vertus magiques (enrichissement) et qui furent ensuite l'objet d'un commerce.

Sa femme, enfermée à la Salptrire, fut assassinée par les émeutiers lors des massacres de Septembre, en 1792.

Set to tune of...

Approchez-vous, honorable assistance, &c.

Transcription

Approchez-vous, hommes, filles & femmes
De tous états, & vous aussi garçons;
Venez frémir des exécrables trames
D'un noir complot forgé par les démons;
De cette histoire,
Qu'on ne peut croire,
Le châtiment
Fait preuve assurément.

Le criminel, de qui la Providence
A découvert les tours de son métier,
Reut d'abord à Chartres sa naissance,
Puis dans Paris, un tems, fut Epicier;
Fit banqueroute,
C'est-la la route
De bien des gens
Pour se rendre opulens.

De longue main, entr'antes entreprises
Qu'il méditoit en son maudit cerveau,
Ayant tiré ses bonnes marchandises,
Il en soutrait le meilleur, le plus beau,
Rit en son âme,
Et met la flâme
Au magasin,
C'est-à dire au fretin.

Grande rumeur, il fuit, il se désole,
Tape du pied, s'arrache les cheveux,
Tous les voisins n'ont que cette parole,
Ah! le pauvre homme! ah! qu'il est malheureux!
Par cette ruse,
Le traître abuse
Maint créancier
Pour ne le pas payer.

Qui n'iroit pas jusqu'à rouler carrosse
Par des chemins qui ne sont pas plus francs?
Le revenu de cet escroc atroce
Montoit, sans faute, à quinze mille francs.
O moeurs peu sages!
Tous les hommages
Vont aux grands trains,
De ces brillans coquins.

Et nonobstant des actions si vilaines,
Il affectoit Catholique maintien,
Communiant de deux à trois semaines,
Pour déguiser comme il étoit vaurien:
Ce monstre insigne
Qui vous indigne,
Sous le Soleil
N'eut jamais son pareil.

Oui, monstre étoit, d'homme il n'eut que le masque;
Impossible est de détailler ses coups:
Or passons vîte à sa derniere frasque,
Dans leurs fureurs les tygres sont plus doux;
Quand on y pense,
Quelle impudence!
Vouloir pour rien
S'approprier un bien.

Ayant appris qu'une terre est à vendre,
Cupidité se réveille en son sein;
Voyez comment ce lâche va s'y prendre,
Pour l'acquérir, moyennant un larcin:
Il se fatigue,
Rève, s'intrigue,
Se dit en fond,
Ecrit, on lui répond.

En place & lieu du possesseur malade,
Bref, vient l'épouse ayant tout ce qu'il faut;
Au devant d'elle, avec douce acolade,
En patelin il accourt auusi tôt:
Venez, Madame,
Près de ma femme,
Vous conviendrez
Que bien mieux vous serez.

Foible brébis, te voilà sous la patte
D'un loup cruel, qui ne le paroît pas,
Il te prévient, te caresse, te flatte;
Tant d'amitié n'est que pour ton trépas,
Ancien Droguiste,
Il fait la liste
De tout venin
Fatal au corps humain.

[A]h! le moyen d'éviter un tel piége!
Le poison donne une invisible mort:
La Dame avoit un sien fils au Collége,
Qu'il fut chercher pour un semblable sort.
Ses funérailles
Sont à Versailles,
Il fit semblant
Que c'étoit son parent.

Ah! quelle horreur! on ne sçauroit s'en taire,
Chacun eùt fait l'office du bourreau.
Où cacha-t'il la malheureuse mere?
Dans une cave il creusa son tombeau.
Cordes & toile
Servant de voile,
Ballot de vin
Présentoient pour certain.

Un Acte faux à Lyon il fabrique
Qui de la somme atteste le reçu;
Mais Dieu voit tout, & confond la rubrique
De l'Imposteau, dont l'esprit est déçu;
On l'emprisonne,
On le questionne,
Il est subtil,
On ne tient pas le fil.

L'Epous guéri retombe dans la peine.
Il part, arrive, & s'informe par tout.
Nouvelle aucune, & sa recherche est vaine,
Il croit sa femme en fuite... Il est à bout.
Mais le coupable,
Chose admirable!
Notez ce point,
Aux Loix n'échape point.

Impunément jamais on ne se souille
Du sang humain, ce fait est démontré.
En plusieurs lieux on fouille & l'on refouille,
Tant qu'à la fin ce corps est déterré:
Lors on transporte,
Avec escorte,
Le scélérat
Auteur de l'attentat.

Sa mine étoit on ne peut pas plus have:
Le repentir produit toujours cela;
On l'observoit descendre dans la cave,
Fixer les yeux, l'âme se montre-là.
Quoiqu'on s'exerce,
Vérité perce:
Juste à l'endroit
Ses yeux vont donner droit.

On instruit donc soudain la procédure,
Son aveu fait, témoins réconfrontés,
Il est rompu tout vif, c'est la torture,
Ensuite au feu ses membres sont jettés:
Et c'est justice
Qu'un tel supplice.
A ce pervers,
Dieu! sauvez les Enfers.

Vaut mieux un gain petit, mais légitime,
N'est-il pas vrai, que tout l'or des méchans?
Sans nul remord, du vice on passe au crime,
Lorsqu'on ne suit que ses mauvais penchans.
Qu'on est à plaindre
De voir s'éteindre
Dedans son coeur
La crainte du Seigneur.














Method of Punishment

breaking on the wheel, burning

Crime(s)

murder

Gender

Execution Location

Paris, Place de Greve

Tune Data

Approchez-vous, honorable assistance, &c.

CANTIQUE DE L'INNOCENCE-RECONNUE DE STE. GENEVIÈVE
Sur l'air :Que devant vous tout s'abaisse. [from Lully, 'Atys' 1676]

Lyrics to Atys
Performance

Words to cantique:

Approchez-vous honorable assistance.
Pour entendre reciter en ce lieu,
L'innocence reconnue, la patience
De Genevive trs-aimée de Dieu,
Etant Comtesse de grande Noblesse,
Née de Brabant étoit assurément.
Genevive fut nommée au Baptme,
Ses pre & mre l'aimoient tendrement,
La solitude prenoit d'elle-mme,
Donnant son coeur au sauveur tout puissant,
Son grand mérite, fit qu'à la fuite,
Ds dix-huit ans fut mariée richement.
En peu de tems s'élvent de grandes guerres,
Son mari, Seigneur du Palatinat,
Fut obligé pour son honneur & gloire,
De quitter la Comtesse en cet état,
Etant enceinte d'un mois sans feinte,
Fit ses adieux ayant les larmes aux yeux.
Il a laissé son aimable Comtesse,
Entre les mains d'un méchant intendant,
Qui vouloit la séduire par finesse,
Et l'honneur lui ravir semblablement ;
Mais cette Dame, pleine de charmes,
N'y voulut pas consentir nullement.
Ce malheureux accusa sa maîtresse,
D'avoir péché avec son écuyer,
Les serviteurs il gagna par caresse,
Et la Comtesse il fit emprisonner,
Chose assurée est accouchée,
Dans la prison d'un beau petit garon.
Le tems fini de toute cette guerre,
Ce Seigneur s'en revint dans son pays,
Golo s'en fut au-devant de son maître,
Jusqu'à Strasbourg accomplir son désir,
Ce téméraire lui fit accroire
Que sa femme adultre avoit commis.
Etant troublé de chagrin dans son ame,
Il enchargea à Golo ce tyran,
D'aller au plutôt tuer sa Dame,
Et massacrer son petit innocent :
Ce méchant traître quitte son maître,
Va d'un grand coeur exercer sa fureur.
Ce bourreau à Genevive si tendre,
La dépouilla de ses habillemens,
De vieux haillons la fit vtir & prendre,
Par deux valets fort rudes & trs-puissans,
Ils l'ont menée, bien désolée,
Dans la fort avec son cher enfant.
Genevive approchant du supplice,
Dit à ses deux valets, tout en pleurant,
Si vous voulez bien me rendre service,
Faites-moi mourir avant mon cher enfant,
Et sans remise, je suis soumise,
A votre volonté présentement.
La regardant, un dit, qu'allons-nous faire ?
Quoi, un massacre, je n'en ferai rien,
Faire mourir notre bonne maîtresse,
Peut-tre un jour elle nous fera du bien ?
Sauvez-vous Dame, pleine de charmes,
Dans ces forts qu'on ne vous voye jamais.
Au fonds d'un bois dedans une carrire,
Genevive demeura pauvrement,
Etant sans pain, sans feu, ni sans lumire,
Ni compagnie que son trs-cher enfant ;
Mais l'assistance qui la substente,
C'est le bon Dieu qui la garde en ce lieu.
Elle fut visitée d'une pauvre biche,
Qui tous les jours allaitoit son enfant,
Les oiseaux chantent & la réjouissent,
L'accoutumant à leur aimable chant.
Les btes farouches prs d'elle se couchent,
La divertissent elle & son cher enfant.
Voici son mari dans de grandes peines,
Dans son château consolé par Golo,
Ce n'est que jeux que festins qu'on y mne,
Mais ces plaisirs sont bien mal à propos,
Car dans son ame, sa chre Dame,
Pleure sans fin avec un grand chagrin.
Jesus-Christ découvre l'innocence
De Genevive par sa grande bonté,
Chassant dans la fort en diligence,
Le Comte, des chasseurs s'est écarté,
Aprs la biche qui est la nourrice
De son enfant qu'elle allaitoit souvent.
La pauvre biche s'enfuit au plus vite,
Dans une grotte, auprs de l'innocent,
Le Comte aussi-tôt fait la poursuite,
Pour la tirer de ce lieu promptement,
Vit la figure d'une créature,
Qui étoit auprs de son cher enfant.
Appercevant dans sa demeure obscure,
Cette femme couverte de ses cheveux,
Lui demanda, qui tes-vous, créature,
Que faites-vous dans ce lieu ténébreux ?
Ma chre amie, je vous en prie,
Dites-moi donc, s'il vous plaît votre nom.
Genevive, c'est mon nom d'assurance,
Née en Brabant, où sont tous mes parens,
Un grad Seigneur m'épousa sans doutance
Dans son pays m'emmena promptement ;
Je suis Comtesse de grande noblesse,
Mais mon mari fait de moi grand mépris.
Il m'a laissée étant d'un mois enceinte,
Entre les mains d'un méchant intendant,
Qui voulut me séduire par contrainte,
Et me faire mourir semblablement :
De rage felonne dit à deux hommes,
De me tuer moi & mon cher enfant.
Le Comte ému, reconnoissant sa femme,
Dedans ce lieu la regarde en pleurant,
Quoi, est-ce vous, Genevive, chre Dame ?
Que je pleure il y a si long-tems ?
Mon Dieu, quelle grace, dans cette place,
D'y rencontrer ma trs-chre moitié.
Ah ! que de joie au son de la trompette,
Voici venir la chasse & les chasseurs,
Qui rencontre le Comte, je proteste,
A ses côtés sa femme & son coeur,
L'enfant, la biche, les chiens chérissent,
Les serviteurs rendent grace au Seigneur.
Ce grand Seigneur, pour punir l'insolence,
Et perfidie du traître Golo,
Le fit juger par sentence,
D'tre écorché vif par les bourreaux,
A la voierie, je certifie,
Que son corps fut jetté par morceaux.

Notes

From Pascal Bastien, L'execution publique a Paris au XVIIIe siecle:
BnF, MS Fr 6682, p. 357: 'Tous les colporteurs avoient pris son arrt chez le sieur Simon, imprimeur du Parlement, et ils les vendoient en quantité comme à toute sorte de prix. Quelques jours aprs sa mort, on vendoit non seulement ses os et cendres, mais encore son portrait gravé, seul en bonnet de nuit et en robe de chambre, comme aussi sur une trs grande planche représentative des diverses circonstances de son crime et des cruelles épreuves que ce crime l'avoit mis dans le cas de subir.'

Files

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“HISTOIRE TRAGIQUE ET MORALE,,” Execution Ballads, accessed December 27, 2024, https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/990.

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