Cantiques de plusieurs autheurs:
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Cantiques de plusieurs autheurs:
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ou sont comprins ceux des cinq prisonniers executez pour le tesmoignage de l'Evangile, à Lyon, au mois de Juin, L'an de nostre Seigneur Jesus Christ. 1553
Synopsis
LES CINQ DE LYON (11).
Lausanne, comme Genve, voyait affluer dans ses murs des réfugiés, et, dans son académie récemment fondée, des jeunes gens venus de France se formaient en vue d'y retourner pour exercer le ministre évangélique. Pierre Viret, pasteur de l'église de Lausanne et Théodore de Bze, professeur à l'Académie, donnaient une attention toute spéciale à la préparation de ces candidats au ministre, qui étaient surtout candidats au martyre. C'est de Lausanne que partirent, au printemps de 1552, cinq étudiants franais, munis de lettres de recommandation des pasteurs de cette ville, auxquelles Calvin joignit la sienne, à leur passage à Genve. C'étaient Martial Alba, de Montauban ; Pierre Escrivain, de Boulogne en Gascogne ; Bernard Seguin, de la Réole en Bazadois Charles Favre, de Blanzac en Angoumois, et Pierre Navihres, de Limoges. Leur but, en rentrant dans leur pays, était, dit l'un d'eux, de Œ‚ servir à l'honneur et à la gloire de Dieu et tâcher d'amener à la connaissance de son Fils Jésus-Christ tous ceux qu'il lui plairait d'appeler par leur moyen. Œé Entre Genve et Lyon, ils rencontrrent un homme qui se rendait comme eux à Lyon et qui les invita à le venir voir ; ils se rendirent à cette invitation, mais, comme ils étaient à table chez lui, le prévôt, escorté de ses sergents, fit irruption dans la maison et les arrta. C'était le 1er Mai 1552. Conduits dans les prisons de l'archevque, ils furent examinés sur leur foi, reconnus entachés d'hérésie et livrés au bras séculier. Mais ils en appelrent de cette sentence, et, grâce à l'intervention des autorités bernoises qui les réclamrent comme leurs écoliers, ils obtinrent un sursis qui fit traîner en longueur leur procs pendant plus d'une année.
Cette année de captivité nous a valu de précieuses lettres, dont les unes ont été publiées dans le Martyrologe de Crespin, tandis que les autres, conservées à la bibliothque vadiane de Saint-Gall, n'ont été mises en lumire que de nos jours (12) Il semble que Dieu ait voulu que ces jeunes lévites, à défaut du ministre de la parole auquel ils s'étaient préparés, aient pu ainsi rendre témoignage par leurs écrits en attendant de le faire par leur mort sur le bùcher.
Bornons-nous à citer un court extrait de l'une de ces lettres, pour montrer dans quelles dispositions ces jeunes gens se préparaient à la mort :
Œ‚ Nous ne voyons devant nos yeux que confusion, cruels tourments et l'horrible face de la mort ; nous mourons tous les jours et à toute heure pour notre Seigneur Jésus et pour l'espérance que nous avons en lui, toutefois nous ne perdons courage aucunement, ni ne nous troublons point ; mais, étant assurés et certains de l'amour et charité que notre bon Dieu nous porte, étant environnés de ses ailes, et cachés sous les plaies de Jésus-Christ, nous dépitons toute la rage du monde et du diable, de la mort et de l'enfer, et nous réjouissons d'une joie et liesse incompréhensible et inénarrable, attendant, en grand désir et repos de conscience, cette bienheureuse journée en laquelle notre Seigneur apparaîtra pour nous recueillir en son royaume céleste, auquel nous vivrons et régnerons avec lui éternellement. N'avons-nous donc pas grande matire de nous réjouir et de nous glorifier en la croix de notre Seigneur Jésus, puisque notre bon Dieu nous fait tant de bien et d'honneur que de nous recevoir au nombre de ses martyrs, nous qui ne sommes que pauvres vers de terre, et de nous retirer de ce val de misres et de maux pour nous emmener en son royaume éternel ? Oui, vraiment (13) ! Œé
Pendant leur long emprisonnement, les cinq étudiants eurent à subir les assauts des prtres et religieux qui avaient mission de les ramener au giron de l'Eglise romaine. Ils eurent aussi à tenir tte aux tentatives de parents et d'amis qui essayaient de les décider à sauver leur vie en reniant leur foi. D'autre part, ils reurent d'abondantes consolations par les lettres que leur écrivirent Calvin et Viret et par les sympathies des fidles dont l'écho réussissait à percer les murs de leur prison.
öó la fin de février 1553, arriva de Paris l'arrt de la Cour du Parlement qui rejetait l'appel des cinq étudiants. Un dernier effort, tenté par les seigneurs de Berne auprs du cardinal de Tournon, retarda encore l'issue du procs. Le 16 mai enfin, ils reurent avis que leur pourvoi était rejeté, et lecture leur fut faite de la sentence qui les condamnait à tre brùlés vifs le jour mme. Ils se mirent alors à prier et à chanter des psaumes, en attendant d'tre menés au supplice. Sur la charrette, ils entonnrent le psaume IX, puis s'encouragrent en répétant des passages de l'écriture, et témoignrent leur foi, en récitant le symbole des apôtres.
Arrivés à la place des Terreaux, ils furent attachés au poteau qui surmontait le bùcher. Le plus âgé, Martial Alba, fut attaché le dernier. Il demanda la permission d'embrasser ses frres et ils échangrent le suprme baiser, en se disant : Œ‚ Adieu, mon frre ! Œé Au milieu des flammes qui bientôt les envelopprent, on entendit ces mots : Œ‚ Courage, frres, courage ! Œé Œ‚ Ce furent là, Œé dit Crespin, Œ‚ les dernires paroles entendues du milieu du feu, qui bientôt consuma les corps de ces cinq vaillants champions et vrais martyrs du Seigneur. Œé
Lausanne, comme Genve, voyait affluer dans ses murs des réfugiés, et, dans son académie récemment fondée, des jeunes gens venus de France se formaient en vue d'y retourner pour exercer le ministre évangélique. Pierre Viret, pasteur de l'église de Lausanne et Théodore de Bze, professeur à l'Académie, donnaient une attention toute spéciale à la préparation de ces candidats au ministre, qui étaient surtout candidats au martyre. C'est de Lausanne que partirent, au printemps de 1552, cinq étudiants franais, munis de lettres de recommandation des pasteurs de cette ville, auxquelles Calvin joignit la sienne, à leur passage à Genve. C'étaient Martial Alba, de Montauban ; Pierre Escrivain, de Boulogne en Gascogne ; Bernard Seguin, de la Réole en Bazadois Charles Favre, de Blanzac en Angoumois, et Pierre Navihres, de Limoges. Leur but, en rentrant dans leur pays, était, dit l'un d'eux, de Œ‚ servir à l'honneur et à la gloire de Dieu et tâcher d'amener à la connaissance de son Fils Jésus-Christ tous ceux qu'il lui plairait d'appeler par leur moyen. Œé Entre Genve et Lyon, ils rencontrrent un homme qui se rendait comme eux à Lyon et qui les invita à le venir voir ; ils se rendirent à cette invitation, mais, comme ils étaient à table chez lui, le prévôt, escorté de ses sergents, fit irruption dans la maison et les arrta. C'était le 1er Mai 1552. Conduits dans les prisons de l'archevque, ils furent examinés sur leur foi, reconnus entachés d'hérésie et livrés au bras séculier. Mais ils en appelrent de cette sentence, et, grâce à l'intervention des autorités bernoises qui les réclamrent comme leurs écoliers, ils obtinrent un sursis qui fit traîner en longueur leur procs pendant plus d'une année.
Cette année de captivité nous a valu de précieuses lettres, dont les unes ont été publiées dans le Martyrologe de Crespin, tandis que les autres, conservées à la bibliothque vadiane de Saint-Gall, n'ont été mises en lumire que de nos jours (12) Il semble que Dieu ait voulu que ces jeunes lévites, à défaut du ministre de la parole auquel ils s'étaient préparés, aient pu ainsi rendre témoignage par leurs écrits en attendant de le faire par leur mort sur le bùcher.
Bornons-nous à citer un court extrait de l'une de ces lettres, pour montrer dans quelles dispositions ces jeunes gens se préparaient à la mort :
Œ‚ Nous ne voyons devant nos yeux que confusion, cruels tourments et l'horrible face de la mort ; nous mourons tous les jours et à toute heure pour notre Seigneur Jésus et pour l'espérance que nous avons en lui, toutefois nous ne perdons courage aucunement, ni ne nous troublons point ; mais, étant assurés et certains de l'amour et charité que notre bon Dieu nous porte, étant environnés de ses ailes, et cachés sous les plaies de Jésus-Christ, nous dépitons toute la rage du monde et du diable, de la mort et de l'enfer, et nous réjouissons d'une joie et liesse incompréhensible et inénarrable, attendant, en grand désir et repos de conscience, cette bienheureuse journée en laquelle notre Seigneur apparaîtra pour nous recueillir en son royaume céleste, auquel nous vivrons et régnerons avec lui éternellement. N'avons-nous donc pas grande matire de nous réjouir et de nous glorifier en la croix de notre Seigneur Jésus, puisque notre bon Dieu nous fait tant de bien et d'honneur que de nous recevoir au nombre de ses martyrs, nous qui ne sommes que pauvres vers de terre, et de nous retirer de ce val de misres et de maux pour nous emmener en son royaume éternel ? Oui, vraiment (13) ! Œé
Pendant leur long emprisonnement, les cinq étudiants eurent à subir les assauts des prtres et religieux qui avaient mission de les ramener au giron de l'Eglise romaine. Ils eurent aussi à tenir tte aux tentatives de parents et d'amis qui essayaient de les décider à sauver leur vie en reniant leur foi. D'autre part, ils reurent d'abondantes consolations par les lettres que leur écrivirent Calvin et Viret et par les sympathies des fidles dont l'écho réussissait à percer les murs de leur prison.
öó la fin de février 1553, arriva de Paris l'arrt de la Cour du Parlement qui rejetait l'appel des cinq étudiants. Un dernier effort, tenté par les seigneurs de Berne auprs du cardinal de Tournon, retarda encore l'issue du procs. Le 16 mai enfin, ils reurent avis que leur pourvoi était rejeté, et lecture leur fut faite de la sentence qui les condamnait à tre brùlés vifs le jour mme. Ils se mirent alors à prier et à chanter des psaumes, en attendant d'tre menés au supplice. Sur la charrette, ils entonnrent le psaume IX, puis s'encouragrent en répétant des passages de l'écriture, et témoignrent leur foi, en récitant le symbole des apôtres.
Arrivés à la place des Terreaux, ils furent attachés au poteau qui surmontait le bùcher. Le plus âgé, Martial Alba, fut attaché le dernier. Il demanda la permission d'embrasser ses frres et ils échangrent le suprme baiser, en se disant : Œ‚ Adieu, mon frre ! Œé Au milieu des flammes qui bientôt les envelopprent, on entendit ces mots : Œ‚ Courage, frres, courage ! Œé Œ‚ Ce furent là, Œé dit Crespin, Œ‚ les dernires paroles entendues du milieu du feu, qui bientôt consuma les corps de ces cinq vaillants champions et vrais martyrs du Seigneur. Œé
Set to tune of...
Psalms, various
Transcription
Le premier Cantique ou chanson des cinq prisonniers de Lyon.
Sur le chant du Pseaume 143
Quatriesme Chanson.
Sur le chant, du Psalme. 137
Dedans Lyon ville tres renommee,
Nous souspirons en prison bien fermee
Nous souvenant de l'habitation
Du bon pais & congregation,
Ou nous soulions, tant aux champs qu'en la ville
Ouir prescher le tressainct Evangile.
Certainement nous sommes en detresse,
Non pour prison, on peine qui nous presse
Mais pour autant que pas magnifier
Nous ne pouvons, n'aussi glorifier
Nostre bon Dieu, & ouyr sa Parolle:
Qui noz esprits resjouit & console.
Car maintenant, estans melancoliques,
Sommes contrains d'ouir propos iniques,
Le plus souvent conter & reciter,
Las, tel propos ne sont qu'à inciter
L'ame & le corps à faire chose infame,
Qui devant Dieu les pollue & diffame.
Beaucoup aussi de parolles lubriques,
Nous entendons, & chansons impudiques,
A haute voix en prison resonner,
Et ce pendant on nouse pense estonner,
Si nous chantons les divines louanges,
De nostre Dieu en ces prisons estranges.
Voila pourquoy nostre coeur tant aspire
A toy Seigneur, & qu'il crie & souspire,
En desirant qu'en liberté remis
Tost nos soyons, à fin qu'au large mis,
Nous annoncions à gens de toutes guises
Tes grans bontez parfaictes & exquises.
Doncques Seigneur, par ta grande clemence,
Aye de nous s'il te plaist souvenance,
Pour nous tirer de ceste affliction:
Car puis apres de saincte affection,
Te servirons en toute nostre vie:
Maugré qu'en ait l'Antechrist plein d'envie:
Et en prison quoy qu'on nouse dise ou face
Ne delaissans ave joyeuse face,
A te chanter, o Seigneur nostre Dieu,
Confesserons en toute place & lieu,
Qu'a toy tout seul se faut fier & croire,
Partant Seigneur n'imprime en ta memoire
Tant de pechés, qu'en ce bas territoire,
Nous commettons tous les jours contre toy
Engrave aussi dedans noz coeurs ta loy
Pour te servir obeir & complaire,
Si que tousiours craignions de te desplaire.
Princes Bernois nous avons esperance,
Que Dieu par vous donnera delivrance,
A nous voz humbles & petis escoliers,
Par vous serons de prison deliez,
Si plaist à Dieu, & au bon Roy de France:
Et plus n'aurons dedans Lyon souffrance.
Autre chanson.
Sur le chant, du Psalme XLVI (46)
Puis qu'adversité nous offence,
Seigneur Dieu sois nostre deffence,
Au besoing montre toy amy:
Pour repousser nostre ennemy,
Long temps y a c'est chose seure
Sans ton secours qui nous asseure,
Que de nous eut esté vainqueur,
Et nous eust fait perdre le coeur.
Car Seigneur tu vois leur courage,
Tant enflammé, & plein de rage,
Qu'il nous poursuit journellement,
A la mort tres cruellement:
Voire à grand tort, mesme sans cause:
Car contre luy aucune chose,
N'avons commis, n'aussi pensé:
Dont tenir se puisse offensé:
Nous n'avons offensé en somme
Dedans Lyon femme ny homme,
Dont vient cela donc o Seigneur,
Qu'il nous tient si grande rigueur?
C'est pour autant que l'Evangile
Nous confessons de coeur agile
Et que n'avons point approuvé,
Ce que les Papes ont trouvé.
Donc s'il te plaist Dieu, nostre Pere,
Voy par pitié le vitupere,
Que nous souffrons journellement,
Pour ta Parolle seulement.
Regarde & voy, que d'heure en heure,
Crainte de mort en nous demeure,
Car si aux hommes regardons:
Rien que la mort nous n'attendons.
Si tost qu'on vient ouvrir la porte,
Nostre chair craint en telle sorte:
Qu'elle juge subitement,
Que c'est pour aller au torment.
Incontinent si fort nous tremble,
Le pouvre coeur, las qu'il nous semble,
Que le bourreau nous vient querir,
Pour au feu nous faire mourir.
O pouvre chair par trop fragile.
Pourquoy crains-tu pour l'Evangile,
Et pour verité endurer:
Pour puis apres tousjours durer?
Considere & pense en toy-mesme,
Que Jesus mainte angoisse extreme,
Helas, en ce monde a souffert:
Pour tes pechez en croix offert.
Mourir par feu, c'est mort tresdure
A toute humaine creature:
Mais toutesfois c'est peu de fait,
Du feu qui nostre corps deffait.
O combien plus est redoutable,
Le feu d'enfer au miserable,
Qui par peché sera vaincu,
Et selon Dieu n'aura vescu.
Or sus arriere peur & crainte,
Meure ton effort & attainte,
C'est peu de fait, c'est peu de cas,
De ce qu'endurons icy bas.
Car c'est une chose certaine,
Que tout torment & toute peine,
Qu'on nous pourroit mettre en avant,
Passeront tost comme le vent:
Et pource toute defiance
Delaissons, & nostre fiance
En Dieu mettons entierement,
Qui nous sauvera vrayement.
Cependant faisons luy prieres
Mes compaignons amis & freres,
Qu'il luy plaise nous pardonner.
Et ne nous point abandonner.
Sur le chant du Pseaume 143
Quatriesme Chanson.
Sur le chant, du Psalme. 137
Dedans Lyon ville tres renommee,
Nous souspirons en prison bien fermee
Nous souvenant de l'habitation
Du bon pais & congregation,
Ou nous soulions, tant aux champs qu'en la ville
Ouir prescher le tressainct Evangile.
Certainement nous sommes en detresse,
Non pour prison, on peine qui nous presse
Mais pour autant que pas magnifier
Nous ne pouvons, n'aussi glorifier
Nostre bon Dieu, & ouyr sa Parolle:
Qui noz esprits resjouit & console.
Car maintenant, estans melancoliques,
Sommes contrains d'ouir propos iniques,
Le plus souvent conter & reciter,
Las, tel propos ne sont qu'à inciter
L'ame & le corps à faire chose infame,
Qui devant Dieu les pollue & diffame.
Beaucoup aussi de parolles lubriques,
Nous entendons, & chansons impudiques,
A haute voix en prison resonner,
Et ce pendant on nouse pense estonner,
Si nous chantons les divines louanges,
De nostre Dieu en ces prisons estranges.
Voila pourquoy nostre coeur tant aspire
A toy Seigneur, & qu'il crie & souspire,
En desirant qu'en liberté remis
Tost nos soyons, à fin qu'au large mis,
Nous annoncions à gens de toutes guises
Tes grans bontez parfaictes & exquises.
Doncques Seigneur, par ta grande clemence,
Aye de nous s'il te plaist souvenance,
Pour nous tirer de ceste affliction:
Car puis apres de saincte affection,
Te servirons en toute nostre vie:
Maugré qu'en ait l'Antechrist plein d'envie:
Et en prison quoy qu'on nouse dise ou face
Ne delaissans ave joyeuse face,
A te chanter, o Seigneur nostre Dieu,
Confesserons en toute place & lieu,
Qu'a toy tout seul se faut fier & croire,
Partant Seigneur n'imprime en ta memoire
Tant de pechés, qu'en ce bas territoire,
Nous commettons tous les jours contre toy
Engrave aussi dedans noz coeurs ta loy
Pour te servir obeir & complaire,
Si que tousiours craignions de te desplaire.
Princes Bernois nous avons esperance,
Que Dieu par vous donnera delivrance,
A nous voz humbles & petis escoliers,
Par vous serons de prison deliez,
Si plaist à Dieu, & au bon Roy de France:
Et plus n'aurons dedans Lyon souffrance.
Autre chanson.
Sur le chant, du Psalme XLVI (46)
Puis qu'adversité nous offence,
Seigneur Dieu sois nostre deffence,
Au besoing montre toy amy:
Pour repousser nostre ennemy,
Long temps y a c'est chose seure
Sans ton secours qui nous asseure,
Que de nous eut esté vainqueur,
Et nous eust fait perdre le coeur.
Car Seigneur tu vois leur courage,
Tant enflammé, & plein de rage,
Qu'il nous poursuit journellement,
A la mort tres cruellement:
Voire à grand tort, mesme sans cause:
Car contre luy aucune chose,
N'avons commis, n'aussi pensé:
Dont tenir se puisse offensé:
Nous n'avons offensé en somme
Dedans Lyon femme ny homme,
Dont vient cela donc o Seigneur,
Qu'il nous tient si grande rigueur?
C'est pour autant que l'Evangile
Nous confessons de coeur agile
Et que n'avons point approuvé,
Ce que les Papes ont trouvé.
Donc s'il te plaist Dieu, nostre Pere,
Voy par pitié le vitupere,
Que nous souffrons journellement,
Pour ta Parolle seulement.
Regarde & voy, que d'heure en heure,
Crainte de mort en nous demeure,
Car si aux hommes regardons:
Rien que la mort nous n'attendons.
Si tost qu'on vient ouvrir la porte,
Nostre chair craint en telle sorte:
Qu'elle juge subitement,
Que c'est pour aller au torment.
Incontinent si fort nous tremble,
Le pouvre coeur, las qu'il nous semble,
Que le bourreau nous vient querir,
Pour au feu nous faire mourir.
O pouvre chair par trop fragile.
Pourquoy crains-tu pour l'Evangile,
Et pour verité endurer:
Pour puis apres tousjours durer?
Considere & pense en toy-mesme,
Que Jesus mainte angoisse extreme,
Helas, en ce monde a souffert:
Pour tes pechez en croix offert.
Mourir par feu, c'est mort tresdure
A toute humaine creature:
Mais toutesfois c'est peu de fait,
Du feu qui nostre corps deffait.
O combien plus est redoutable,
Le feu d'enfer au miserable,
Qui par peché sera vaincu,
Et selon Dieu n'aura vescu.
Or sus arriere peur & crainte,
Meure ton effort & attainte,
C'est peu de fait, c'est peu de cas,
De ce qu'endurons icy bas.
Car c'est une chose certaine,
Que tout torment & toute peine,
Qu'on nous pourroit mettre en avant,
Passeront tost comme le vent:
Et pource toute defiance
Delaissons, & nostre fiance
En Dieu mettons entierement,
Qui nous sauvera vrayement.
Cependant faisons luy prieres
Mes compaignons amis & freres,
Qu'il luy plaise nous pardonner.
Et ne nous point abandonner.
Method of Punishment
burning
Crime(s)
heresy
Gender
Date
Execution Location
Lyon, Place des Terreaux
URL
http://www.regard.eu.org/Livres.14/Portraits-recitséhuguenots/10.php#n11
Collection
Citation
“Cantiques de plusieurs autheurs:,” Execution Ballads, accessed November 22, 2024, https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/1008.