https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=55&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=1676&sort_field=Dublin+Core%2CTitle&sort_dir=d&output=atom <![CDATA[Execution Ballads]]> 2024-03-29T10:29:52+11:00 Omeka https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/998 <![CDATA[La déclaration des crimes de madame de Brinvilliers, ]]> 2020-01-08T18:15:56+11:00

Title

La déclaration des crimes de madame de Brinvilliers,

Subtitle

faite par elle-même, estant prisonnière en la conciergerie du palais, au grand étonnement de tous les assistans avec les dernières parolles qu'elle a prononcée sur l'échaffaut.

Transcription

A vous, mon Dieu, je me confesse,
Comme méchante pécheresse,
Et vous prie de tout mon coeur
De prendre en gré ma pénitence,
Et me pardonner mes offences
Que je déteste avec douleur.

Je suis perverse créature,
J'ay abusé de la nature,
Plusieurs fois j'ay violé ma foy,
Je suis pleine d'ingratitude,
A mal faire j'ay fait étude
Contre vous, grand Dieu, et la loy.

Dedans ma plus tendre jeunesse
J'usois de ruses et finesses,
Je m'adonnois du tout au mal;
Quoy qu'on prit peine à m'instruire
Je ne m'amusois rien qu'à rire,
A danser et aller au bal.

Bref j'ay commis beaucoup de crimes,
De quoy je faisois peu d'estime,
Et mme par un grand effort
J'ay tant fait que mon trs-cher pre
J'ay réduit comme une mégre
Dessous l'étendart de la mort.

Un Godin et un La Chaussée
Savoient mes secrets et pensées
Comme complices de mes faits.
L'un faisoit le poison sans doute,
L'autre mettoit tout en déroute
Par les poisons les plus infects.

Godin introduit chez mes frres
La Chaussée par trop téméraire
Qui mes frres empoisonna;*
Le dernier mort sans nul doutance
Du poison donna connoissance:
La Chaussée on emprisonna.

On fit en grande diligence
Le procs sans nulle doutance
A La Chaussée trop criminel,
Qui déclara à la justice
Ses par trop détestables vices
Et son péché par trop cruel.

Godin sans nul doute il accuse,
Et point du tout il ne m'excuse:
Promptement il fut condamné
Par le sénat et la justice
Qui pour le punir de son vice
Ont commandé qu'il fut roué.**

Ce fut dans la place de Grve
Qu'il fut rompu sans nulle trve,
En présence des assistans;
Et moy sachant cette nouvelle,
Bien vite je bandé mes voiles
Pour me sauver bien loin aux champs.

Pourtant dans la ville de Liége ***
Ce caresme on me prit au piége,
Et à Paris on m'amena [april 1676]
Jusque à la Conciergerie
Pour faire enqueste de ma vie
Qui beaucoup de monde étonna.

Il y a déja quatre lunes
Qu'une prison trop importune
A renfermé mon chétif corps:
Plut à Dieu qu'une maladie
M'eust maintenant privé de vie
Et réduite au nombre des morts.

Je ne serois pas dans la crainte
De me voir mener sans nul feinte
A la mort trs-honteusement,
Quoy que mon advocat fidle [Nivelle avocat au Parlement]
Témoigne enverse moy un grand zle,
Plaidant pour moy éloquamment.

Mais ma trop maudite cassette
Cause que dessus la sellette
On m'a mis assez rudement,
Et ce qui choque plus mon âme
C'est qu'on m'a mis comme la femme
D'un berger ou d'un artisant.

Une fois j'y fus bien trois heures,
C'est pour moy piteuse demeure,
Je voudrois estre en Portugal,
Ou dans quelque autres estrange terre,
Car mes péchés me font la guerre
Et me cause un estrange mal.

Pourtant dans mes peine et souffrance
Il me faut piller patience;
Grand Dieu, ayez pitié de moy,
Je suis toute couverte de crimes,
Je suis la véritable abyme
De l'équité et de la loy.

Je perds beaucoup de personnages
Par mon poison et grand outrage,
Plusieurs sont dejà en prison
Qui pour moy souffrent grandes peines
Dans les cachots, couverts de chesnes,
En trs-grand tribulation.

De quantités je suis maudite:
On voudroit que je fus détruite,
Mon advocat tient toujours bon,
Et toujours il plaide ma cause:
Nonobstant tout cela je n'ose
Espérer sortir de prison.

De beaucoup je suis accusée
Quantités me nomme rusée
D'avoir fait ma confession.
Ma confession est écrite,
Mon advocat dessus médite,
Cherchant mon absolution.

Peut-on absoudre une personne
Qui à tout vice s'abandonne
Et délaisse son Créateur,
Qui defait pre, soeur et frre,
Et qui aux humains fait la guerre,
Les faisant mourir en langueur?

Mon poison, chose véritable,
Se pouvoit donner à la table,
A la promenade et au lit,
Aux gands, bouquets et aux épingles,
Aux médecines et seringues:
Partout il faisoit son délit.

Mais à ce coup faut que je meure;
Me voicy à ma dernire heure:
Je dis adieu à mes enfans,
A mes parens, à l'assistance,
Je meurs dans les peines et souffrance;
Mon sépulchre sera ardans.

Adieu, adieu, belle noblesse,
Toutes mes ruses et finesses
Ne m'ont servy aucunement:
Il faut paroistre en personne,
Et d'un seul coup que l'on me donne,
On me renverse au monument.

Notes:
Godin= Gaudin de Sainte-Croix, amant de la marquise, mort en juillet 1672.
La Chaussée= D'abord valet de Sainte-Croix, puis de la marquise et enfin du conseiller d'Aubray frere de cette derniere.

* en 1670

** l'arrt est du 24 mars 1673

*** she was arrested in the convent in Liege where she had taken sanctuary by the policeman Desgrais who disguised himself as an abbé








Method of Punishment

beheading, burning of remains

Crime(s)

murder

Gender

Date

Execution Location

Paris, place de Greve

Notes

Anne Somerset - The Affair of the Poisons: Murder, Infanticide, and Satanism at the Court of Louis XIV (St. Martin's Press (October 12, 2003)

The affair of the poisons

Strange revelations : magic, poison, and sacrilege in Louis XIV's France / Lynn Wood Mollenauer. Pennsylvania State University Press ; [London : Eurospan, distributor], c2007

Wikipedia: Marie-Madeleine-Marguerite d'Aubray, Marquise de Brinvilliers (22 July 1630 - 17 July 1676) conspired with her lover, army captain Godin de Sainte-Croix to poison her father Antonine Dreux d'Aubray in 1666 and two of her brothers, Antoine d'Aubray and Franois d'Aubray, in 1670, in order to inherit their estates. There were also rumors that she had poisoned poor people during her visits to hospitals.

She appears to have used Tofana poison, whose recipe she seems to have learned from her lover, the Chevalier de Sainte Croix, who had learned it from Exili, an Italian poisoner, who had been his cellmate in the Bastille. Her accomplice Sainte-Croix had died of natural causes in 1672.

In 1675, she fled to England, Germany, and a convent, but was arrested in Lige. She was forced to confess and sentenced to death. On 17 July 1676, she was tortured with the water cure, that is, forced to drink sixteen pints of water. She was then beheaded and her body was burned at the stake.

Her trial and the attendant scandal launched the Affair of the Poisons, which saw several French aristocrats charged with poison and witchcraft.

 

Madame de Sevigné: Encore un petit mot de la Brinvilliers : elle est morte comme elle a vécu, c'est-à-dire résolument. Elle entra dans le lieu où l'on devoit lui donner la question ; et voyant trois seaux d'eau : Œ‚ C'est assurément pour me noyer, dit-elle ; car de la taille dont je suis, on ne prétend pas que je boive tout cela. Œé Elle écouta son arrt, ds le matin, sans frayeur ni sans foiblesse ; et sur la fin, elle le fit recommencer, disant que ce tombereau l'avoit frappée d'abord, et qu'elle en avoit perdu l'attention pour le reste. Elle dit à son confesseur, par le chemin, de faire mettre le bourreau devant elle, Œ‚ afin de ne point voir, dit-elle, ce coquin de Desgrais qui m'a prise : Œé il étoit à cheval devant le tombereau. Son confesseur la reprit de ce sentiment ; elle dit : Œ‚ Ah mon Dieu ! je vous en demande pardon ; qu'on me laisse donc cette étrange vue ; Œé et monta seule et nu-pieds sur l'échelle et sur l'échafaud, et fut un quart d'heure mirodée, rasée, dressée et redressée, par le bourreau : ce fut un grand murmure et une grande cruauté. Le lendemain on cherchoit ses os, parce que le peuple disoit qu'elle étoit sainte. Elle avoit, dit-elle, deux confesseurs : l'un disoit qu'il falloit tout dire, et l'autre non ; elle rioit de cette 1676 diversité, disant : Œ‚ Je peux faire en conscience tout ce qu'il me plaira : Œé il lui a plu de ne rien dire du tout. Penautier sortira un peu plus blanc que de la neige : le public n'est point content, on dit que tout cela est trouble. Admirez le malheur : cette créature a refusé d'apprendre ce qu'on vouloit, et a dit ce qu'on ne demandoit pas ; par exemple, elle dit que M. Foucquet avoit envoyé Glaser, leur apothicaire empoisonneur, en Italie, pour avoir d'une herbe qui fait du poison : elle a entendu dire cette belle chose à Sainte-Croix. Voyez quel excs d'accablement, et quel prétexte pour achever ce misérable. Tout cela est encore bien suspect. On ajoute encore bien des choses ; mais en voilà assez pour aujourd'hui.

]]>
https://omeka.cloud.unimelb.edu.au/execution-ballads/items/show/994 <![CDATA[L’execution remarquable de Mme de Brinvilliers, ]]> 2020-01-08T18:14:40+11:00

Title

L’execution remarquable de Mme de Brinvilliers,

Subtitle

qui a esté condamnée à faire amende honourable devant nostre dame, et de la conduit à la grève pour y estre décolleté et ensuite jetée au feu, pour avoir empoisonné son Pere, ses frères, et quantité d’autres gens de condition

Transcription

Il faut mourir, ma sentence est rendue,
Mais ce seul mot me rend toute esperdue,
Me faut mourir dessus un echaffaut.
C'est pour punir mes trop cruels deffauts,
Et aujourd'huy on abrège ma vie
Pour expier mes grandes perfidies.

On n'a jamais veu femme dans le monde
Ainsi que moy faire crimes immondes;
J'ay irrité et la terre et le ciel,
Et j'ay commis de grands péchés mortels,
Car j'ai tué par poison mon cher frère
Lequel m'aimoit d'une amour singulière

J'avois en main certain apotiquaire
Que je payois d'une bonne manière,
J'avois aussi un fripon de laquais
Lequel faisoit à peu près mes souhaits,
Je leur donnois de l'argent grande somme,
Et eux passoient toujours pour honneste-hommes.

De ce poison le traistre apotiquaire
Me fournissoit de beaucoup de manière:
Il enfaisoit pour un an, pour six mois,
Il m'en donnoit ainsi que je voulois
Que je faisois prendre comme une infame
A ceux de qui je voulois ravir l'ame.

Dieu tout puissant permit que ce perfide
Lequel estoit devant luy homicide
Vint à mourir, et que ses héritiers
Parmi ses biens, richesses et papiers
Trouverent las! la maudite cassette
Là où estoit le poison manifeste.

On reconnut ma grande perfidie,
Comment j'avais las! abrégé la vie
A mon frère qui me chérissoit tant,
Dont à présent j'ay le coeur mal content;
Dans l'ame j'ay très-forte repentance:
Ma teste va servir de pénitence.

Mon laquais pris, en prison on le mene
Où on luy fit souffrir beaucoup de peines,
Il raconta toute ma trahison,
Comment j'usois de ce maudit poison;
Pour ce sujet il fut mené en Grève,
Où il mourut en peines très-grièves.

Moy je m'en fuis en grande diligence
Abandonnant le royaume de France,
Je fus roder de pays en pays
Bien éloignée de parens et amis,
Pour me sauver je fus en Angleterre,
En [la] Hollande et plusieurs autres terres.

Mais Dieu, lassé de mes crime et offence
A suscité un officier de France
Qui me connut et viste me saisit:
En sauve-garde [tout] soudain il me mit,
Et à Paris on m'ameine bien viste:
Pour m'amener j'avois fort bonne suite.

Mon procès fait, ce coup il faut paroistre
Sur l'echaffaut, c'est pour couper ma teste,
Auparavant je fais déclaration
De mes forfaits et mauvaises actions,
Car j'ay commis des actions si noires
Qu'il n'y a point d'écrites dans l'histoire.

Comme j'ay dit, j'ay fait mourir mon frère
Par le poison d'une mort très-amère,
Je croyois bien faire mourir mon mary,
Mais le poison n'eut pas pouvoir sur luy:
Diligemment il usa de remede,
Et son remede à mon poison succede.

J'ay bien pis fait, mais je ne l'ose dire,
J'ay fait mourir mon pere en [grand] martyre,
En luy donnant de ce maudit poison
L'ay fait pâtir longtemps dans ma maison
Et à la fin il est mort comme etique,
Par ma fraude et ma noire pratique.

Je demande pardon à mon cher pere,
Pareillement aussi à mon cher frère,
Je demande pardon à mes parens,
Je demande pardon à mes enfans,
Je demande pardon à l'assistance,
Je meurs, je meurs avec grand repentance.

Mon cher mary, pardon je vous demande
D'avoir commis une faute si grande;
Je croyois bien vous tuer par poison
Bien préparé par ma grand trahison,
Mais Dieu très-bon vous conserve la vie:
La mienne va ce coup estre finie.

Ce n'est pas tout que de perdre la vie,
Mes entrailles s'en vont estre rotties,
Et dans ce lieu on va brùler mon corps,
Encor qu'il soit déjà au rang des morts,
Contemplez moy, très-illustre noblesse:
Ma sentence me réduit en faiblesse.

Method of Punishment

beheading, burning of remains

Crime(s)

murder

Gender

Date

Execution Location

Paris, place de Greve

Notes

image is from another pamphlet, Musee Carnavalet, estampe HIST PC 001 TerG (in Bastien, execution publique a Paris)

Wikipedia: Marie-Madeleine-Marguerite d'Aubray, Marquise de Brinvilliers (22 July 1630 - 17 July 1676) conspired with her lover, army captain Godin de Sainte-Croix to poison her father Antonine Dreux d'Aubray in 1666 and two of her brothers, Antoine d'Aubray and Franois d'Aubray, in 1670, in order to inherit their estates. There were also rumors that she had poisoned poor people during her visits to hospitals. 

She appears to have used Tofana poison, whose recipe she seems to have learned from her lover, the Chevalier de Sainte Croix, who had learned it from Exili, an Italian poisoner, who had been his cellmate in the Bastille. Her accomplice Sainte-Croix had died of natural causes in 1672.

In 1675, she fled to England, Germany, and a convent, but was arrested in Lige. She was forced to confess and sentenced to death. On 17 July 1676, she was tortured with the water cure, that is, forced to drink sixteen pints of water. She was then beheaded and her body was burned at the stake.

Her trial and the attendant scandal launched the Affair of the Poisons, which saw several French aristocrats charged with poison and witchcraft.

 

Madame de Sevigné: Encore un petit mot de la Brinvilliers : elle est morte comme elle a vécu, c'est-à-dire résolument. Elle entra dans le lieu où l'on devoit lui donner la question ; et voyant trois seaux d'eau : Œ‚ C'est assurément pour me noyer, dit-elle ; car de la taille dont je suis, on ne prétend pas que je boive tout cela. Œé Elle écouta son arrt, ds le matin, sans frayeur ni sans foiblesse ; et sur la fin, elle le fit recommencer, disant que ce tombereau l'avoit frappée d'abord, et qu'elle en avoit perdu l'attention pour le reste. Elle dit à son confesseur, par le chemin, de faire mettre le bourreau devant elle, Œ‚ afin de ne point voir, dit-elle, ce coquin de Desgrais qui m'a prise : Œé il étoit à cheval devant le tombereau. Son confesseur la reprit de ce sentiment ; elle dit : Œ‚ Ah mon Dieu ! je vous en demande pardon ; qu'on me laisse donc cette étrange vue ; Œé et monta seule et nu-pieds sur l'échelle et sur l'échafaud, et fut un quart d'heure mirodée, rasée, dressée et redressée, par le bourreau : ce fut un grand murmure et une grande cruauté. Le lendemain on cherchoit ses os, parce que le peuple disoit qu'elle étoit sainte. Elle avoit, dit-elle, deux confesseurs : l'un disoit qu'il falloit tout dire, et l'autre non ; elle rioit de cette 1676 diversité, disant : Œ‚ Je peux faire en conscience tout ce qu'il me plaira : Œé il lui a plu de ne rien dire du tout. Penautier sortira un peu plus blanc que de la neige : le public n'est point content, on dit que tout cela est trouble. Admirez le malheur : cette créature a refusé d'apprendre ce qu'on vouloit, et a dit ce qu'on ne demandoit pas ; par exemple, elle dit que M. Foucquet avoit envoyé Glaser, leur apothicaire empoisonneur, en Italie, pour avoir d'une herbe qui fait du poison : elle a entendu dire cette belle chose à Sainte-Croix. Voyez quel excs d'accablement, et quel prétexte pour achever ce misérable. Tout cela est encore bien suspect. On ajoute encore bien des choses ; mais en voilà assez pour aujourd'hui.

]]>